Critique | Musique

Earl Sweatshirt – Doris

Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

RAP | Earl Sweatshirt, le plus jeune, mystérieux, et peut-être bien talentueux rappeur du collectif Odd Future, sort de sa caverne.

Earl Sweatshirt - Doris

Sacrée histoire à 19 balais seulement que celle d’Earl Sweatshirt. Né à Los Angeles le 24 février 1994, Thebe Neruda Kgositsile (c’est normalement le nom indiqué sur sa carte d’identité) est le fils d’une professeur de droit à l’université de Californie et d’un poète et activiste politique sud-africain pionnier du Panafricanisme, Keorapetse Kgositsile, qui se taille du domicile familial alors qu’il n’a que six ans. Merci Myspace, Thebe est repéré en 2009 par Tyler The Creator. Il se fait alors appeler Sly Tendencies et bosse sur une mixtape qui ne verra jamais le jour. Le gamin rejoint rapidement le collectif de son nouveau pote. Mais tandis qu’Odd Future (Wolf Gang Kill Them All, pour la version longue), sur le site Internet duquel il vient de publier gratuitement Earl en téléchargement gratuit, s’attire l’attention des médias avec ses beats souvent anxiogènes, ses textes violents et ses clips glauques, l’ado disparaît. Balle perdue? Pensionnat dans une école privée? Vacances prolongées chez une vieille tante? Camp de redressement? Les rumeurs circulent. Sa mère, dit-il, l’a finalement envoyé jusqu’à ses 18 ans dans une école pour jeunes à risques des Samoa américaines, craignant qu’il se fourre dans les emmerdes. Le temps entre autres de lire une biographie de Malcolm X et L’Avenir n’est plus ce qu’il était de Richard Farina, artiste de la contre-culture qui fut marié à la soeur de Joan Baez et décéda le 30 avril 66, deux jours après la publication de son bouquin, dans un accident de moto.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Fais-moi du couscous…

Earl réapparaît majeur, peut-être pas vacciné, début 2012. Et alors que sonnent les cloches de la rentrée, balance aujourd’hui son premier album studio, Doris, via son propre label, Tan Cressida, distribué par Columbia.

Solide casting. A côté de ses propres productions (il utilise le pseudo de Random Black Dude), le disque comprend des prods des Neptunes, de The Alchemist et Christian Rich. Des featurings de Domo Genesis et Mac Miller. Des morceaux partagés tour à tour avec Tyler The Creator, Frank Ocean et RZA (Wu-Tang Clan). Il contient aussi des samples des Magictones (I’ve Changed), de David Axelrod (A Divine Image), de Lennie Hibbert (Rose Len) et Bob Azzam (Rain, Rain, Go Away), chanteur d’origine libanaise qui cartonna en France dans les années 60 avec… Mustapha (Chérie je t’aime, chérie je t’adore) et Fais-moi du couscous chérie.

Truffé de références culturelles, varié dans le son, personnel dans les textes, à commencer par celui de Chum (« I just used to say I hate him in dishonest jest/When honestly I miss this nigga like when I was six », rappe-t-il au sujet de son dad), Doris est à ce jour malgré quelques titres dispensables l’un des albums les plus consistants d’Odd Future. Swag.

  • Earl Sweatshirt, Doris, distribué par Columbia/Sony BMG.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content