Dour J2: des papys, de la guimauve et des maths

© Noah Dodson
Kevin Dochain
Kevin Dochain Journaliste focusvif.be

Il y en avait beaucoup pour Sébastien Tellier, mais on a également vu Dinosaur Jr, St Vincent, Battles, Ministry ou encore Against Me!, en soirée ce 2e jour de Dour Festival.

Après un détour par l’habituel stand boudin-pita-nems (pas la peine de biffer les mentions inutiles, le résultat est le même), on jette vite une oreille à Against Me! qui sont devenus une belle caricature d’eux-mêmes. Et ce n’est pas leur chanteur à la sexualité ambiguë qui arrangera les choses. Aux oubliettes, l’énergie folk-punk des débuts, bonjour les riffs faciles et les ooh-ooh jusqu’à ne plus en pouvoir. Peut-être que si on avait de nouveau 15 ans…

A quelques pas de là, sur la Last Arena, J. Mascis et ses Dinosaur Jr tentent de prouver qu’ils valent plus que des dinosaures seniors. Et sous un mur du son imparable (bien plus gros que la dernière fois qu’on les avait vus, il y a deux ans), les papys du grunge donnent une belle leçon décontractée à la plaine de Dour. Entre deux chansons, quand le bassiste Lou Barlow veut prendre le micro, il ne s’encombre pas de philosophie de comptoir à la Tellier: quelques borborygmes racés (« Aaaaaaah! Uaouéésouaaaaah!« ) suffiront. Et tant pis s’ils donnent l’air de vous prendre pour des cons: les mecs assurent toujours (et semblent même avoir pris un petit coup de jeune), et ne sont pas là pour faire dans la dentelle…

Tandis que Sébastien Tellier balançait son Pépito Bleu sous la Club Circuit Marquee, c’est St Vincent qui se la jouait Cruel de l’autre côté de la plaine. La belle, signée chez Souterrain Transmission (le label, entre autres, de notre gros coup de coeur EMA), s’avère être une étonnante guitariste en plus d’une vocaliste hors pair aux accents björkesques. Mais le fait est que, si son Strange Mercy passe très bien en salon, c’est une autre paire de… bottes en festival. On en profitera pour filer voir les dernières mesures de la splendide Ritournelle du gourou bleu, la bonne idée de la soirée.

Alors que Dour se transforme petit à petit en dancefloor géant, c’est Ministry qui s’égosille sur la grande scène. Rien à faire: si adolescent, on avait écouté en boucle Filth Pig, leur métal industriel semble vain sous la pluie et avec les chaussures pesant individuellement cinq kilos supplémentaires. On se réfugiera donc sous le chapiteau pour attendre la venue de Battles. Le charismatique chanteur Tyondai Braxton s’est fait la malle depuis un moment, mais les trois membres restants du groupe ont trouvé plus d’une astuce pour parer à son absence. Si les titres de Gloss Drop sont souvent instrumentaux (et dansants à souhait, sous un chapiteau survolté), Kazu Makino (Blonde Redhead) ou Matias Aguayo viennent en renfort, samplés sur deux écrans à taille humaine. Et c’est d’ailleurs sur une version longue de Ice Cream, où apparaît Aguayo, que le concert prend toute son ampleur. Peut-être un peu trop cérébral sur la longueur, mais d’une créativité sans limite et d’une redoutable efficacité. On peut aller dormir en paix.

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