Dour: Booba, coeur de pirate

© Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Jeudi soir, le Duc de Boulogne est venu, a vu, mais n’a pas complètement convaincu.

Quelle tête d’affiche pour la soirée de jeudi? Si c’est le rap qui dicte aujourd’hui les codes (nan, nan, c’est pas l’école), alors CQFD, c’est bien Booba qui devait trôner. Le king du rap jeu français, comme première grosse cartouche de cette trentième édition: une évidence. Au départ, tout commence d’ailleurs comme prévu. Perché tout en haut d’une énorme structure, Medi Med est derrière ses platines. Le DJ surmonte un cercle métallique à travers lequel le patron fait son apparition, sur le coup de 23h. Sweat Gucci rose, bouteille de D.U.C. à la main, Booba avance avec l’assurance d’un félin: il dégaine directement Kalash. Visiblement de bon humeur, voire empathique, il s’inquiète: « ça va, la Belgique? » Sarcasme? Non, non, le supporter n°1 de Benzema (appelé en face time pendant Génération assassin) se soucie vraiment de ses hôtes du soir, orphelins d’une finale de coupe du monde.

Certes, le beat est lourd (Terrain), le son est sale (Drapeau noir). Mais ce soir, Booba est surtout love. Tranquille, il enchaîne Friday, Scarface, et Petite fille. Les premiers rangs reprennent en choeur. Il n’en demandait pas tant. Alors qu’il donnait déjà l’impression un peu avant d’être son propre backeur, se contentant de terminer ses phrases, il peut laisser le public prendre des parties entières à son compte. Détendu, Booba la joue carrément dilettante. Au point de s’effacer petit à petit. Et ce n’est pas son jeu de scène – inexistant, le rappeur se contentant d’arpenter la scène de gauche à droite – qui va renforcer sa présence. Impression étrange: peu investi, le colosse tourne à vide. Comme si, débarrassé de toute tension, il perdait aussi de son charisme. A un moment, le camarade Gato déboule pour relancer un peu la machine avec Mové Lang. Le Duc enchaîne alors avec Danielsam pour redonner coup de vice (sic), et DKR pour refiler coup de rein. La dernière ligne droite sauve ainsi malgré tout la partie. En toute fin, Booba s’assoit en bord de scène pour terminer avec 92i veyron, tout sucre, tout miel. « C’est l’amour, on s’aime ici », lâchait-il un peu plus tôt. Cela doit aussi être ça, la magie de Dour…

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