Dop Massacre: « T’imagines si j’avais joué dans La Grande vadrouille? »

© Olivier Donnet
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Vendeur (à la FNAC), barman (dans Dikkenek) et DJ (Saucisse) à ses heures perdues, Dop Massacre sort une compile belgo-française pour célébrer son cher rock’n’roll. Accroche ta ceinture, tich…

Jette. 18h40. L’Excelsior. À peine sorti de la gare, on reconnaît de dos Dop Massacre, alias DJ Saucisse. Une espèce de cowboy rock’n’roll qui a la dégaine d’Elvis et la démarche de Lucky Luke. Dop, c’est le meilleur vendeur de la FNAC. Le mec qui t’amène au rayon punk quand tu cherches du Coldplay et qui te fait acheter du Stooges quand tu voulais du Céline Dion. Dop, c’est le type qui a envoyé péter Bono quand il a essayé de lui tirer une clope en plein concert. « Il ressemblait à un baba punk. Je lui ai dit: « Sorry, manneke, j’en ai plus que sept pour la soirée. » » Celui qui a mangé un stoemp saucisse avec The Cure. « On a même pogoté ensemble sur les Sex Pistols. » Et qui s’est fait remonter les bretelles par les Ramones quand il avait 16 ans, parce qu’il avait dézingué quelques sièges du Théâtre 140. « Ils font pas de rappel: on n’était pas bons! Du coup, « Ramones, Ramones… »: on saute sur les fauteuils et on casse les fauteuils. Je te jure. Ils reviennent et ils jouent trois morceaux. C’était terrible. Là, je remonte et je croise Bob Geldof des Boomtown Rats qui jouaient le lendemain. Il m’a regardé comme si j’étais un tueur. Mais j’étais un petit gamin de rien du tout. Les Ramones, eux, ils m’ont engueulé, fieu! Et moi, je me suis encouru… »

Quelque part entre Lucien et Didier l’embrouille, Dop, Jean-Claude Doppée pour la police, c’est le rock’n’roll made in Brussel. Bien sûr, il a eu des groupes. Les Roll WC et le Phallus Band. « Du punk rock en français, le groupe le plus mauvais du monde mais que tous les fans de Sham 69 venaient voir. » Puis, il a fait du Brusselabilly, repris les Cramps en bruxellois. « Avec Melody Massacre, on est devenus les Cramps de Bruxelles. On prenait des pilules de sang et on crachait sur les gens. » Avant de jouer le rockeur masqué avec Fantomas Pop…

Dop Massacre:
© DR

Né en 1961, Dop Massacre parle des Élucubrations d’Antoine, des Rubettes, de Slade et de Sweet… Glam rock et débuts du rock’n’roll pour la classe ouvrière. « J’avais 13-14 piges quand j’ai commencé à acheter des disques, se souvient DJ Saucisse. Dans le temps, à Bruxelles, tu avais 80 disquaires dont cinq rien que sur la Place du Jeu de Balle. Moi, je chopais les promos sans pochette qui coûtaient deux fois rien. Je voulais jouer dans un groupe avec des vestes en cuir, des pantalons moule-couilles et les Platform boots. » Arrivent le punk, Eddie and The Hot Rods, les Belges de Chainsaw. La découverte tardive des Stooges… « Quand on se promenait dans la rue, nous les punks, on nous foutait en taule pour que la ville soit calme. Les flics nous mettaient derrière les barreaux pour la nuit et ils nous relâchaient de demi-heure en demi-heure. Fallait que Bruxelles soit clean… Alors que c’était les mecs en costard cravate qui vendaient la schnouf, foutaient les femmes sur le trottoir et les battaient. Nous, on faisait que boire des coups, déconner et foutre gentiment le bordel. »

The Pop of Dop

Dans ses nombreuses vies, Dop a joué au Canada et au Moulin Rouge. Il a travaillé chez Pias, au stock (« le mec qui faisait les cachets au bureau de chômage, c’était Patrick Codenys de Front 242« ). A été magasinier dans une usine qui fabriquait des extincteurs. Et a serré la pince à Johnny Thunders qui ne comprenait rien à son « fucking frenglish ». Le Bruxellois a aussi joué le rôle du barman dans Dikkenek. « Le réalisateur achetait des disques à la FNAC et je le rencontrais de temps en temps au DNA. Il aimait bien quand je faisais de l’air guitar avec le tabouret et était fasciné par ma manière de parler aux clients… Après ça, c’est devenu un film culte: j’ai connu la gloire. T’imagines si j’avais joué dans La Grande vadrouille? »

DJ punk, français, yéyé, rock, garage, psyché, jusqu’au-boutiste et spectaculaire (il mixe sur des Fisher-Price et n’hésite pas à se foutre en slip léopard devant 14.000 personnes), Jean-Claude sort aujourd’hui une compile foutraque de belgian et frenchian nuggets, The Pop of Dop, avec entre autres les Cousins, Plastichke, les Gabba Lovers, les Saphirs et les Tueurs de la lune de miel…

« Wild Ones, ça s’est pas fait. Et le morceau des Scalpers était trop long. Mais j’ai mis The Pope of Dope de Party Harders vs The Subs. Un morceau qui n’a pas eu assez d’impact sur les radios francophones à cause de ses paroles. « Va travailler chez Ikea pour acheter de la drogue. » C’est immense…! Mais c’est comme Ça plane pour moi ou Sniff Some Glue: ça existe, ça doit se dire. J’aurais pu mettre Spermicide, Belgique Putain Frigide, mais je trouvais ça trop triste. J’ai voulu une compile festive, faire un truc pour qu’on s’amuse. »

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Le disque est dédié à son pote disparu, le roi des DJ’s Mods Thierry Steuve. « À travers la pochette, je me fous de la gueule des Daft Punk et je rends hommage à Bob Log. Avec l’esprit des CCC qui voulaient m’engager. Je te jure. Les CCC, ils sont venus chez moi. « Dop, ça t’intéresse pas? » J’ai dit: « Non, moi c’est le rock’n’roll. » Je préfère les femmes, le sexe, la drogue et la bière que d’aller foutre des bombes n’importe où… On était dans la même maison de jeunes à Ganshoren. Ils aimaient notre côté punk et révolutionnaire. Ils venaient boire des coups avec nous. Ils cherchaient juste un peye comme moi, un peu fou, qui aurait pu aller placer une bombe pendant que les autres attendraient dans la bagnole… »

Release Party: le 09/11 chez Pias et le 11/11 à l’Excelsior.

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