Critique | Musique

DJ Koze – Amygdala

Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

HOUSE | Huit ans après son 1er album, DJ Koze revient avec un bijou de house rêveuse, drôle et chaleureuse. Faites de la place pour votre nouveau meilleur ami.

DJ KOZE, AMYGDALA, DISTRIBUÉ PAR PAMPA/NEWS. ****

Une vraie tête de champion. Sur la pochette de son nouveau disque, DJ Koze, alias Stefan Kozalla, apparaît casqué, empaqueté dans une redingote grise. Sur fond de forêt nordique passé au filtre rose flashy, il monte (?) un renne résigné. Plutôt Don Quichotte (voire Sancho Panza) que D’Artagnan, il faut bien le dire. Un peu d’humour dans un monde de brutes, après tout, cela n’a jamais fait de mal. D’Hambourg, voici donc DJ Koze, parti sur les routes combattre de nouveaux moulins.

La musique électronique a toujours été l’un des premiers produits d’exportation allemand. Le plus souvent, du côté du rayon frais, façon techno industrielle ou minimale. Avec DJ Koze cependant, le ton a toujours été moins austère, plus ludique. Le bonhomme n’a jamais eu peur de multiplier les contrepieds et les poses absurdes, que ce soit avec son premier groupe de rap Fischmob, son projet Adolf Noise (…) ou ses collaborations avec l’écurie Kompakt. Une seule règle intangible: surtout ne pas (s’)ennuyer. Anti-héros magnifique, DJ Koze a ainsi épaté son monde avec son sens du groove chaleureux et décomplexé. Bingo: c’est à nouveau le cas avec Amygdala, le successeur de son premier Kosi Comes Around, sorti en 2005.

Amygdala est la partie du cerveau qui fixe en mémoire les souvenirs émotionnellement marquants. Cela tombe bien, l’album de DJ Koze en est rempli. Premier constat: long de 78 minutes, Amygdala ne se refuse pas grand-chose. Gourmand, il est surtout rêveur et bienveillant, disque de house mélodique et soulful… Hospitalier, Amygdala fait aussi table d’hôte pour une impressionnante brochette d’invités. Caribou ouvre les débats sur le morceau Track ID Anyone?. « We need to eat, we need to sleep, and we need… music », affirme une voix féminine, avant que le beat n’arrive, plaqué sur une nappe inversée, ponctuée de petites touches de steel pan. Une ambiance psychédélicotropicale qui va comme un gant à Dan Snaith. Même constat avec Apparat qui prend en main le track suivant, Nices Wölkchen. C’est peut-être le seul reproche que l’on pourrait faire à DJ Koze: bonne pâte, il a laissé de la place à ses convives qui ne sont parfois pas loin de vampiriser ses morceaux. Vu la guest-list (Ada, Matthew Dear deux fois, Milosh des énigmatiques Rhye…), on ne va cependant pas trop se plaindre. Et puis, Koze en profite aussi pour remettre en avant la chanteuse allemande Hildegard Knef, déjà présente sur son disque de remixes, All People Is My Friends. Décédée en 2002, personnalité au parcours troublé, elle a droit ici à une relecture de son titre Ich Schreib’ Dir Ein Buch. En toute fin de disque, pour une ultime berceuse, Kozalla invite encore Tomerle & Maiko à prendre le micro. Le dernier duo électro à la mode? Le pseudo d’un couple célèbre? Que nenni. Interrogé dans le dernier numéro de Trax, Koze explique qu’il s’agit de son prof de yoga israélien et sa copine japonaise, qu’il a scié pendant des semaines pour qu’ils participent à l’album… Une manière d’appliquer à la lettre l’adage de Marvin Gaye, samplé un peu plus tôt sur le morceau Das Wort: « We’re all sensitive people, with so much to give »

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