Deep in the Woods, festival le plus cool de Belgique?

© Noah Dodson

La première édition du Deep in the Woods était une réussite. Récit d’une journée au paradis hippie qu’on aurait volontiers étendue à tout le week-end.

C’était le festival parfait pour terminer l’été en beauté. Alors qu’on avait encore le Pukkelpop légèrement en travers de la gorge, la première édition du Deep in the Woods était le meilleur moyen de nous réconcilier avec les festivals. Quoi que, pas sûr que le mot « festival » soit réellement le plus approprié pour décrire l’événement. Avec l’ambiance 100% cool qui a régné sur le domaine de Massembre tout le week-end, on préférerait presque la dénomination « camp de vacances avec des concerts » à « festival dans un camp de vacances »… Soit. Le pari ambitieux d’un festival différent et à vitesse humaine a été remporté haut la main et annonce le meilleur pour l’avenir.

Dès l’arrivée sur le site, la couleur est annoncée. Les organisateurs se déplacent à vélo, les enfants courent dans tous les sens sur les jeux qui abondent sur le site, les festivaliers jouent de leur propre instrument en attendant le concert à suivre… Après s’être légèrement égarés sur la route, on arrive malheureusement un peu tard et prend le concert de Marques Toliver en cours. On arrive assez tard pour regretter de ne pas avoir prévu GPS et cartes IGN en suffisance, mais assez tôt pour profiter de quelques morceaux de ce Newyorkais qui a travaillé avec Kyp Malone (TV on the Radio) ou Holly Miranda. Tournant désormais en solo avec son violon et son EP Butterflies are not for Free sous le bras, le musicien issu de la rue met toute son âme dans sa musique. Touchant. Et définitivement un gaillard à suivre de près.

Le groupe suivant, Cotton Club, se produisant une heure plus tard, ça laisse de la marge pour aller profiter du cadre du festival, sous un soleil de plomb. Détour à l’étang, au bar qui le longe. On profitera également plus tard des films diffusés en plein air, des répètes publiques de MLCD, des ateliers lutherie… C’est confirmé, on est définitivement au festival le plus décontracté de Belgique. Pas question de courir d’un chapiteau à l’autre alors que trois groupes jouent en même temps, pas question non plus de faire la file une heure pour s’approvisionner en tickets. On respire.

Retour à la case amphithéâtre pour le concert de Cotton Club. Les six Lillois se réclament du psychédélisme et du shoegaze, et s’ils sonnent carrément bien sur disque, c’est une autre paire de manches en live. À l’opposé d’un Toliver, mettre un peu de vie dans leur musique ne ferait pas de tort. Les poses, les guitares vintage et les coupes de cheveux à la Brian Jones n’y feront pas grand chose.

Puisqu’on n’est plus à un détail surréaliste près –ou du moins inhabituel–, à la traditionnelle heure du souper, pas de concert programmé. Rendez-vous massif à la cantine du domaine, moment de repos généralisé. Quand on vous disait camp de vacances… Au feu, la vie urbaine à 100 à l’heure! Parfait pour se plonger dans l’ambiance du concert suivant, The Bony King of Nowhere. Le concert annoncé comme « solo » sera finalement donné à deux, Bram Vanparys accompagné d’un second guitariste. Forts de leur récent et poignant Eleonore, les deux gantois livrent un concert tout en émotion, dans la tradition folk américaine. Pas étonnant que Bouli Lanners leur ait demandé main forte pour la B.O. de ses Géants, moment fort du concert par ailleurs.

Détour par la place centrale du site de Massembre pour faire place à Dez Mona, qui dévoile en avant-première son nouveau spectacle Sága avec un orchestre baroque. On sort une fois de plus des sentiers battus: adieu la formule classique guitare-basse-batterie, le groupe se sert ici de viole de gambe (ancêtre du violoncelle), de harpe baroque, de clavecin ou encore de théorbe (grand luth à 14 cordes)… Le mélange à la voix jazzy de Gregory Frateur est déstabilisant mais envoutant.

Dernier arrêt concert du soir: Intergalactic Lovers, qui poursuit dans l’amphithéâtre. Le tonnerre gronde au loin, mais la bande à Lara Chedraoui retiendra l’orage jusqu’à la fin de son concert. C’est que la nana sait y mettre du coeur quand il le faut. A priori, pas le genre sur laquelle tout le monde se retourne dans la rue, mais une fois qu’elle endosse sa guitare et pousse sa voix, le charme est immédiat. Même si les chansons gagneraient à être un peu plus variées sur la longueur, la recette marche solidement bien, leur Delay passant d’ailleurs en boucle sur les ondes néerlandophones.

Fin du concert, cinq minutes passent, et la pluie s’effondre sur le site. Comme si elle avait voulu faire une fleur à un festival pas comme les autres. On se réfugie au bar où devait jouer DJ Kwak qui nous confie avoir crashé son ordinateur en chemin et oublié ses vinyles. Pas grave, la soirée se terminera en mode convivial: chacun branche son iPod à son tour sur les platines. Pas sûr que ce soit la recette de DJ set la plus efficace au monde, mais la foule danse. La nuit n’est pas près d’être finie…

Kevin Dochain

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