Critique | Musique

Cut/Copy – Zonoscope

POP | L’électropop kangourou de Cut/Copy en a décidément plein les poches. La preuve avec leur Zonoscope, brillant 3è album, combinant instantanéité et consistance.

De temps en temps, cela fait du bien. Un disque qui n’a pas peur de s’exposer à la lumière, d’assumer sa désinvolture. Prenez Zonoscope par exemple. Dans le genre, le 3e album de Cut/Copy est une petite pépite. Une épopée électro-pop d’autant plus jouissive qu’elle offre une vraie consistance. C’est la fin de l’été pour l’instant en Australie. Cut/Copy a dû bien en profiter. La pochette de Zonoscope a beau rappeler étrangement les inondations qu’a connues récemment le pays (un montage du Japonais Tsunehisa Kimura, qui a imaginé une chute d’eau en plein Manhattan), c’est le soleil qui donne le ton des 11 titres du jour. Foncièrement, le quatuor de Melbourne continue à creuser la veine pop synthétique dans laquelle il évolue peu ou prou depuis le début.

Mais il lui donne ici une épaisseur supplémentaire. La même chose mais en mieux? C’est parfois aussi simple que ça. Et rassurant: il existe encore des groupes capables de prendre de l’envergure avec le temps. Cut/Copy évolue pourtant sur un terrain glissant. A nouveau, ce sont les années 80 qui sont convoquées plus souvent qu’à leur tour. On pense forcément à OMD ou à The Human League, voire au Tom Tom Club. A force, le recyclage pourrait devenir lassant. L’important est que, contrairement par exemple à leurs compatriotes de Empire of the Sun, tout second degré semble ici exclu. Pas d’excuse: Cut/Copy aime vraiment la synth pop, sans chercher à le cacher derrière une attitude tongue in cheek et une pose décalée. En fait, même quand il évoque Fleetwood Mac (le single Take Me Over), le groupe le fait de manière si naturelle que tout doute sur la sincérité de sa démarche disparaît.

Multicouche

L’autre qualité de Zonoscope est que, aussi insouciant puisse-t-il paraître, il ne se laisse pas maîtriser aussi facilement. Ce n’est pas si courant que ça, un album qui pétille, tout en gardant assez de corps une fois les bulles envolées. Cut/Copy multiplie notamment les couches sonores. Strange Nostalgia For The Future fait par exemple office de petite rêverie pyschédélique de 2 minutes. Pas un hasard d’ailleurs si le groupe a confié le mixage de Zonoscope à Ben Allen, connu pour son travail sur les disques de Gnarls Barkley, Deerhunter, mais aussi du combo barré Animal Collective.

Les Australiens combinent ainsi un sens du refrain catchy, une efficacité mélodique déconcertante, avec une ambition et une épaisseur assez réjouissantes. C’est évident quand on prend le disque par ses 2 bouts. Zonoscope commence avec Need You Now, imparable sucrerie disco-pop décomplexée, pour s’achever avec les 15 minutes de Sun God, goûtu comme du LCD Soundsystem jammant avec Hot Chip. Définitivement, l’art d’être léger n’est pas donné à tout le monde. Autant en profiter.

Cut/Copy, Zonoscope, distribué par Universal, ****

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Laurent Hoebrechts

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