Crash-Test au coeur des ténèbres de l’été

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Serge Coosemans
Serge Coosemans Chroniqueur

C’est le coeur des ténèbres de l’été, la dead zone où il ne se passe rien de vraiment fantastique à raconter. Serge Coosemans s’est toutefois dégotté trois sujets contre lesquels ronchonner. Mais il a eu la flemme de vraiment les développer… Crash Test S02E39, c’est l’avant dernier de la saison, les doigts de pieds en éventail. On excuse donc tout.

Adios, Twin Picos

Je l’ai dit, je l’ai fait. Qui veut peut, le pouvoir de la volonté, le mental warrior en pleine win. J’ai donc arrêté Twin Peaks et ça a été plutôt facile, au fond. Presque aussi facile que d’arrêter le sport. Juste eu à suer quelques heures de manque alors j’ai revu Sailor & Lula. Un navet, dans mon souvenir. Une excellente comédie, en réalité. Suite à ça, à cette paix retrouvée avec David Lynch, le troll culturellement sado/maso que je suis a forcément du se chercher de la compensation, un nouvel artefact contre lequel ronchonner. Dunkirk, le film de guerre avec des jeunes hommes trop bien coiffés, dont cette petite asperge de Harry Styles? Mouais mais ça n’a pas l’air si mal que ça, en fait, Dunkirk. Blade Runner 2049 ? Oui. Il fait très peur celui-là, encore plus depuis que la promo s’accélère, à un peu plus de deux mois de la sortie en salles. Ce qui me chipote le plus pour le moment, c’est le design général du film. Les bars, notamment. Ceux du premier film, la boîte de Taffy Lewis notamment, paraissaient vraiment futuristes. Ceux de ce nouveau Blade Runner ont en revanche tous l’air de ressembler à des bars du passé. Je suis prêt à parier qu’ils vont nous jouer la carte rétro-futuriste, c’est tellement plus simple que d’inventer réellement un monde nouveau. Sur le compte Instagram du film, j’ai même osé troller « Torremolinos 1986 «  à côté d’une photo de décor qui ressemble vraiment à une boîte visitée ces années là à la Costa Del Sol. Voilà, je respire à nouveau. Je me suis trouvé une nouvelle cible, une nouvelle torture. Rest in Peace, David Lynch.

Tomorrowstasiland

L’an dernier, un huluberlu du nom de Cain Ransbotyn a volé une bouteille de gin dans la zone VIP de Tomorrowland, en a versé le contenu dans un gros pistolet à eau et s’est ensuite mis à en asperger ses copains. Bien entendu, la scène a été filmée et partagée sur les réseaux sociaux. La gloire mais aussi la honte. C’est que Ransbotyn s’est fait sortir par la police et pas que de la zone VIP en question, carrément du festival. Mieux encore : il semblerait que suite à cette petite bêtise, l’entrée de Tomorrowland lui ait cette année été refusée. Ransbotyn fait en effet partie des 38 personnes interdites de festival par la police pour raisons de sécurité. Les 400 000 tickets achetés ont été « screenés » par la Fédérale et il a donc été décidé que 38 personnes présentaient un souci de sécurité. Cité par plusieurs médias, Peter De Waele, le porte-parole de la Police Fédérale, a avoué que ces interdictions n’étaient pas qu’en rapport avec le crime organisé et la drogue : « Beaucoup de gens ont été repérés pour d’autres raisons, plus ou moins graves, mais aucune décision n’a été prise à la légère. » Bref, disons les choses comme elles sont : une surveillance électronique avant tout destinée au contre-terrorisme a en fait principalement servi à empêcher des pochetrons d’aller s’en jeter une de trop à la kermesse annuelle du coin. T’en penses quoi, Edward Snowden ?

Epaule ta… gueule

Je suis à la Guinguette du Parc de Forest et j’ai l’impression d’être à la Nuit des Publivores. Où que je pose le regard, je croise des tatouages. Beaucoup trop de tatouages. Le moindre bout de chair nue, mâle ou femelle, en fait des caisses pour s’affirmer rebelle, cool, décalé, a quelque-chose à dire, à hurler, à partager, délivre du message à la pelle. Je trouve ça aussi ennuyeux qu’un tunnel publicitaire à la télévision. Partout le même genre de motifs, cette ligne claire aujourd’hui à la mode, ce lettrage de vieille machine à écrire. Partout cette surenchère : on ne se contente plus d’un tatoo, on s’en fait faire une tripotée. Or, si rien ne ressemble plus à la télévision à un spot pour lessives ou yaourts qu’un autre spot pour lessives ou yaourts, rien ne ressemble plus un soir d’été dans une guingette à un tatouage récent qu’un autre tatouage récent. Plus rien d’original, ni de vraiment esthétique. Certains en sont même à se faire dessiner sur la tronche, histoire de vraiment se démarquer. Une compagne de biture en sort une toute bonne : « Le pire, ça serait que le premier soir, tu te rendes compte que t’as le même tatouage que l’autre ». On se met alors à imaginer avec beaucoup d’amusement des conversations de nature à fâcher : « Salut, pourquoi tu te fais la tronche d’un membre de gang latino de Los Angeles alors que t’es vendeur electroménager à Ixelles ? », « T’as de belles jambes, tu sais. Elles me font penser à un bloc-notes », « Que ta passion, c’est la cuisine, on le sent bien à tes cheveux. Pas la peine de te dessiner un hachoir à légumes sur le ventre », « ça valait bien la peine de claquer 500 balles dans un Iphone si c’est pour tout écrire sur ton corps », « T’as du bic, là… ». Et puis, surgit l’idée de troll absolue : prendre pour exemple les Adbusters, les Casseurs de Pub en guerre contre l’agression publicitaire, et adapter leurs actions au tatouage. A la plage, au festival, durant la somnolence avinée des tatoués, user du feutre indélébile, de la peinture latex, etc… Super activité d’été. Sur ce, je m’en vais voler une bouteille de gin en zone VIP, tiens. A la semaine prochaine, hips.

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