Couleur Café J2: Happy rain

Veence Hanao © Ph. Cornet
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

Courageux mais point téméraire: s’il ne tenait qu’à nous, on prendrait directement la direction opposée à celle de Tour & Taxis pour gagner des régions sèches: sur le coup de 16 heures, il s’est mis à flotter violemment et, en début de soirée, le ciel pleure encore généreusement.

Transformant le tarmac en flaques ventripotentes et en pieds mouillés généralisés. Une partie du public semble trouver hilarant de se préparer à une pneumonie en pataugeant dans de l’eau belge, donc brunâtre: la sécurité sociale appréciera. Cela ne signe pas forcément le fiasco de CC 2014: sans faire le plein record de l’année dernière, les premiers chiffres de fréquentation, ne seraient pas forcément catas sans être, on l’aura compris, mirifiques. Bilan du peuple demain…On est sur la scène Move -jauge, environ 5000 personnes- lorsque un collectif de Molenbeek créé à l’occasion de la Métropole culture 2014, ouvre les festivités comme hier et demain, à coup de MolemCapitale, quatre minutes chronos. Depuis un an environ, cette demi-douzaine de jeunes rappers fait grimper le thermomètre, et là, groove et bonne intention métissées, filles et garçons de la troisième génération, commencent à graviter plaisamment dans une faille de hip hop réaliste. A suivre?

Déboule dans la foulée, Veence Hanao (les photos), autre genre d’animal. Juste accompagné d’un chipoteur de Mac et lui-même lançant des boucles, le jeune bruxellois jette en pâture des textes qui ne ressemblent à aucun autre. D’une voix traînante, presque fataliste, le trentenaire conjugue des chansons à la carcasse de roman noir dépiauté à la lumière d’un pessimisme contemporain de la même teinte. Observateur, forcément, d’un genre pas toujours humain qu’il tente de saisir d’une manière quasi anthropométrique: les fiches qu’il tisse sur la chasse, la pèche, le foutre (sic) et les mouches, l’ennui et l’amour, ont quelque chose de cruel et de dégelé. Cette sorte de prose au vinaigre (mais pas seulement) croise un trait, me semble t’il, peu souvent relevé lorsqu’on parle de Veence: il trimballe une forme de contre-machisme et de féminité plutôt troublante.

Toujours sur la même scène Move, il est 17H30 lorsqu’Oyster Node (les photos) commence son concert sous une averse violente. Une vingtaine de fans sont déjà liquéfiés devant le podium où la mimi Julie-chanteuse emmène deux claviéristes-programmateurs, un sax et une section rythmique dans ses diverses méandres sonores jazzyfiantes. On y croise Miles période fusion, du trip hop de Bristol la balnéaire et quelques autoroutes de funk grillées sous un soleil décalé. Il faut un certain culot pour balancer une musique aussi façonnée alors que la pluie prête davantage à chercher l’issue de secours. On attend la première livraison discographique de ces autres bruxellois pas dénués de talent.

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