Couleur Café J1: Sun, sun, sun

Le Wu-Tang a assuré le minimum syndical à Tour & Taxis. © Philippe Cornet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Rock Werchter a beau avoir démarré la saison des festivals cette année, c’est toujours bien Couleur Café qui lance l’été! Avec notamment un Wu-Tang Clan en mode minimum syndical.

On a une bonne nouvelle: Couleur Café, c’est parti, bien parti. Sous le cagnard, pétant, brûlant. Mais aussi avec le retour de son petit peuple: les fidèles, et puis les autres, comme tous ces nouveaux venus qui n’ont pas encore repéré le Palais du bien manger. Oui, il y en a, des novices, et c’est plutôt bon signe pour un festival qui, plus que jamais, fonctionne sur le fil. On attend les chiffres, mais le monde est bel et bien présent ce vendredi pour ce qui reste un événement unique en son genre. On a tendance à l’oublier, mais ils sont bien peu nombreux, les festivals du calendrier à ce point mélangés, métissés, mixant les couleurs, et les générations, à l’image de la ville qui l’abrite. Bateau? Peut-être mais tellement vrai.

Soleil, bonnes vibes, bouffe exotique, etc: sur le papier, Couleur Café est réglé comme du papier à musique. La seule inconnue un peu flottante reste la programmation. Le brassage hip hop-world-reggae-urbain va-t-il prendre? On peut toujours discuter. En fin d’après-midi par exemple, les néo-babas de Crystal Fighters font mouche avec leurs cavalcades hippies gentiment folkeuses. On a vite fait le tour, mais pour lancer un festival, leur enthousiasme est idéal. De l’autre côté du site, les jeunes rappeurs Bigflo et Oli assurent aussi un joyeux bordel. C’est certes complètement inoffensif ; et leur dégoupillage en règle de certains clichés hip hop (Gangsta), amenant même un violoncelle sur scène, est moins subversif que ludique. Mais pour dire vrai, les deux Français n’ont jamais prétendu proposer autre chose.

Après le quota reggae assuré par Gentleman, Arsenal est la première tête d’affiche de la soirée sur la scène principale. Le groupe flamand a beau fêter cette année ses 15 ans avec une grande tournée anniversaire (6 Ancienne Belgique bourrées massacre), il passe encore au-dessus de la tête d’une majorité de francophones. Il a pourtant largement sa place à Couleur Café, groupe qui a toujours nourri d’une manière ou d’une autre sa pop mélancolique aux sons world. Et puisqu’avec le temps, le band est devenu une redoutable machine scénique, il finit même par emporter la mise.

C’est un peu plus compliqué pour le Wu Tang Clan. Gros morceau de ce premier jour, les rappeurs ont déboulé à huit: Ghostface Killah est là, Inspectah Dek aussi, U-God… Pendant une bonne moitié de concert, ça se balance pépère. Les premiers rangs s’affolent, derrière on sourit. Franchement, vu les récentes sorties des légendes hip hop, on n’attendait pas forcément grand-chose du concert. Et ça tombe bien, on n’a pas eu droit à plus. Au moins espérait-on un peu d’implication. Après un démarrage en automatique, elle arrivera. Le minimum syndical.

De toutes façons, les coups de coeur se prennent toujours en contrebande. Pendant la blague Wyclef Jean (réussissant à enchaîner en un quart d’heure Stayin’ Alive, Billie Jean et I Shot The Sheriff: sérieux?!…), il n’y avait pas grand-monde pour voir Ester Rada, du côté de la scène Move. L’Israélienne aux racines éthiopiennes est, il est vrai, une parfaite inconnue par ici. Sans réinventer le groove, son mélange de soul, de jazz et de reggae n’en a pas moins une sacrée tenue. Soutenue par un band impeccable (deux cuivres qui dégainent plus vite que leur ombre), elle reprend aussi bien Nina Simone (Four Women) qu’elle ne glisse des effluves ethio-jazz dans sa soul. Une belle découverte.

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