Couleur Café J1: Couleur été

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A Bruxelles, la première soirée Couleur Café a fait de la place aux filles. Girl Power!

On a toujours besoin d’un Couleur Café pour lancer l’été. Vendredi, tout le monde était donc bien présent. Soleil et douceur compris pour la première soirée de dégustation de la cuvée 2012. C’est toujours mieux pour un festival Couleur Eté, qui ne change pas. Ou presque pas. Rumble in the jungle: cette année, l’événement bruxellois a bougé les meubles. Oh, pas une grande révolution. Mais une redisposition des scènes, repoussées dans la fond du site de Tours et Taxis, désormais encore un peu plus à fleur de ville. La Titan, par exemple, est nichée dans le coin gauche, posée sur un sol caillouteux et casse-pattes, à un jet du Jubilé, le boulevard. L’expo a pris également l’air, sortie de son hangar, pour être plantée en face des souks. Mais le changement le plus spectaculaire est ailleurs. La fameuse rue du Bien-Manger a disparu! Désormais les united gargotes of the world sont abritées dans un des entrepôts du site. Les enseignes sont toujours aussi diverses : assiette tibétaine, poulet à la sénégalaise, spécialités péruviennes… Mais une impression étrange se dégage : comme le sentiment de remonter dans le temps et de retrouver les premiers souks de Couleur Café, quand l’événement se déroulait encore aux Halles de Schaerbeek…

Question voyage dans le temps, on peut compter sur Sharon Jones. Quand vous la laissez avec ses fameux Dap Kings aux fournaux, ça turbine, ça bouillonne, ça dépote. Façon soul food, évidemment. Elle, toujours inarrêtable dans sa robe glitter à frange; eux, solidement accroché au groove – cuivres belliqueux sur riffs « jamesbrowniens ». La recette vintage est archiconnue, mais la tambouille de Sharon Jones, la rage et l’énergie qu’elle y met, restent irrésistibles. The real shit. Impossible en effet de ne pas être emporté par le tourbillon venu d’Augusta. Par exemple quand elle exécute comme une furie Got To Be The Way It Is, en profitant pour retracer le fil, dans le discours et dans la danse, avec ses ancêtres esclaves arrachés d’Afrique.

Mais le lien est encore plus clair avec Tinariwen. Le groupe malien joue au même moment sous le chapiteau Univers. Les tuniques de touaregs sont africaines, mais c’est bien le blues qu’on entend. Un blues du désert, poétique et âpre. L’actualité récente du pays, au bord du chaos, lui donne forcément une nouvelle électricité. Le riffs se délient, virevoltent en boucles hypnotiques, appuyées par les youyous. Magique.

Essayez de passer après ça sur la grande scène Titan… Jessie J est alors dans la place, mini short en jeans, baskets et sous-tif blanc sur treillis bleu. On connaît notamment son hit Price Tag. Qu’on aime bien. Un peu. Après, l’Anglaise sert dance pop sous gueulante r’n’b assez banale. Moins vulgaire que Ke$ha, mais aussi moins drôle que Katy Perry. Après la tempête du désert Tinariwen et l’ouragan Jones, cela a du mal à passer. Le choc est un peu trop rude. Journaleux musical, ce métier à risque…

Heureusement, à mille lieues de l’univers teenager, Erykah Badu est alors appelée pour cloturer cette première journée. La dame arrive en retard. Sans blague… Une bonne demi-heure quand même. La diva débarque sur scène les mains dans les poches, arborant toujours la même morgue, le même regard hautain et défiant. Elle entonne 22 Feet Tall, première vague d’un roulis soul et jazz de toute grande classe. Le set est resserré par rapport aux partis pris parfois psychédéliques des tournées précédentes.

Laurent Hoebrechts

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