Concours Circuit: l’interview speed dating de Tarlabaşi

Keith Karayagwa (voix), Jordan Dressen (voix, batterie), Mattéo Badet (saxophone) et Veronique Castelli (voix) ont mis leurs atouts au service du premier EP de Tarlabasi. © Tarlabasi
Elisabeth Debourse Journaliste

Outre une drôle de fascination pour Billy Paul, Tarlabasi a embarqué dans l’interview speed dating avec quelques bouquins, un cinquième Beatles et suffisamment de bon son pour nourrir un village turc.

Rompus aux codes des bandes originales, ils ne semblent y avoir pour nous que deux manières de les appréhender: les célébrer quand elles projettent davantage que les images, ou les oublier, quand elles sont trop bien ou trop simplement camouflées dans le paysage sonore. Mais que deviennent-elles quand elles cessent d’appartenir aux décors falsifiés du cinéma? Elles s’immiscent alors dans un livre qu’on déguste avec un album, un cours dont l’étude est bousculée par quelques notes jouées par ennui ou un voyage associé pour toujours à un projet musical – à l’image de celui de Tarlabaşi .

Ses inspirations sont les mêmes que le quartier turc dont il tire son nom – urbaines, cosmopolites, humbles et populaires – et sa démarche intemporelle: une recherche sur l’acte de voyager. À moins qu’il ne s’agisse d’une simple célébration de moments intenses passés loin de son foyer, ce qui revient finalement au même. Si c’est à Istanbul que se sont rencontrés Clément Le Roux (guitare et basse) et Agostino Ridone (clavier, percussions), Tarlabaşi survit à l’éloignement et s’épanouit tant à Bruxelles qu’à Florence, entre funk, soul et collaborations naturelles. Quelques jours avant leur participation au Concours Circuit 2016, Clément Le Roux se plie aux excentricités d’un entretien TGV, accompagné de Jordan Dressen, qui a prêté sa voix et ses baguettes au duo international.

Si votre musique était un plat, on mangerait quoi à vos concerts?

C.L.R.: Un petit-déjeuner turc, composé de feta, de concombre, de tomates, d’huile d’olive, d’olives et de frites!

Si vous deviez ajouter un instrument peu commun au groupe, ce serait quoi?

C.L.R.: Ah, un saz! Ça fait longtemps que je travaille dessus, mais ce n’est vraiment pas évident. C’est une espèce de guitare turque, avec un manche tout fin et une grosse boule à la fin. C’est très particulier!

À quel artiste, connu ou non, aimeriez-vous confier la réalisation d’un artwork?

C.L.R.: On a tendance à tout faire nous-même. Agostino est graphiste, je suis architecte et on aime bien mettre la main à la pâte.

Est-ce que vous avez un sujet de dispute récurrent au sein du groupe?

J.D.: Le sérieux! Ou plutôt le manque de sérieux… et le stress!

C.L.R.: Je pense qu’il parle de moi. Je prends les choses au sérieux, mais avec beaucoup de distance, parce que je fais beaucoup de choses dans la vie. La musique, c’est avant tout pour le plaisir.

Quel est votre dernier achat musical?

Clément Le Roux: C’était un vieil album de Billy Paul, pour moi.

Jordan Dressen: Moi j’ai acheté un vinyle d’Allen Stone sur un festival, en vitesse.

Quel artiste décédé auriez-vous aimé rencontrer?

C.L.R.: Lucio Battisti. C’est le cinquième Beatles, un génie italien! C’est vraiment un artiste que j’adore, qui est très particulier. Sa musique peut faire très kitsch quand on l’écoute pour la première fois – c’était d’ailleurs un peu mon sentiment -, mais pour moi, c’est devenu vraiment une grande référence.

J.D.: Billy Paul en fait, pour faire écho à ce que tu as dit!

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Quelle lecture est vraiment essentielle, à vos yeux?

J.D.: Paulo Coelho.

C.L.R.: C’est drôle, je suis justement en train de lire l’un de ses livres, L’Alchimiste.

J.D.: Moi j’aime bien Maktub, parce que ce sont des paraboles que tu peux lire sur les chiottes, ou en tout cas un peu partout.

Quel lieu vous inspirera toujours?

C.L.R.: Ailleurs!

J.D.: Tous les endroits où tu peux voir loin. Ça rend plus humble et du coup, tu écris des choses plus essentielles.

Vous vous souvenez de votre tout premier achat musical?

C.L.R.: C’était une guitare, une Lâg, je crois.

J.D.: Des baguettes de batterie, parce que je devais aller à mon tout premier cours. J’avais sept ans.

Quel morceau vous sort du lit les matins difficiles?

J.D.: Moi c’est Jamie Lidell, Little Bit of Feel Good.

C.L.R.: J’ai l’impression que ça va être le centre de l’interview, mais moi c’est Your Song de Billie Paul. C’est ma chanson préférée, c’est ma madeleine de Proust, ça me rappelle tout!

Quel est votre disquaire préféré en Belgique?

J.D.: À Gand, Music Mania. Il y a vraiment plein de découvertes à y faire, de la seconde main…

Vous êtes coincés dans un bar karaoké et le seul moyen d’en sortir est de chanter au moins une chanson. Que choisissez-vous?

C.L.R.: Moi, je ne chante pas, j’ai une voix toute pourrie!

J.D.: Allez, un truc bien kitsch, mec. Les Spice Girls ou un truc comme ça…

C.L.R.: Non, non, non! C’est hors de question! Je crois que je reste dans le karaoké, franchement. J’y trouve un job, je passe le balais et je reste là à vie!

Influences: Lucio Battisti, Casso, Baris Manco

Date: 16 septembre 2016

Lieu: Le BRASS à Bruxelles

Autres participants: Avishaï, Navaho, Lucy Echo, Glitter Vaseline

Bonus: Pour annoncer la sortie de leur EP six titres, Tarlabaşi s’est fendu d’une courte vidéo en guise de teaser où l’on entendrait presque les mouettes au-dessus du Bosphore.

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