Critique | Musique

Chapelier Fou – Invisible

ELECTRONICA | Le violoniste et électronicien signe un deuxième album sombre, magique et hallucinogène. Lewis Carroll n’est définitivement pas loin.

CHAPELIER FOU, INVISIBLE, DISTRIBUÉ PAR ICI D’AILLEURS. ****
LE 13/05 AUX NUITS BOTANIQUE, LE 06/07 AU FESTIVAL DÉCIBULLES (NEUVE-EGLISE) ET LE 07/07 AU LASEMO.
WWW.CHAPELIERFOU.COM

Depuis la sortie de 613, premier album du génial Louis Warynski, Chapelier Fou a cessé d’évoquer systématiquement le personnage de Lewis Carroll inspiré par l’homme (Théophile Carter) qui a présenté le réveil matin à l’expo universelle de 1851. Ce type forcément cinglé qui fête les non-anniversaires dans Alice au pays des merveilles et est interprété par Johnny Depp dans le film de Tim Burton. Chapelier Fou, pour nous, aujourd’hui, c’est Louis Warynski. Un drôle de coco lui aussi. Un Messin agité du chapeau qui mélange, à sa manière toute singulière analogique et numérique, instrument classique et nappes électroniques. Beats, violon et claviers vintage…

C’est encore bluffé qu’on sort d’Invisible. Fresque sonore splendide et bouleversante. Nouveau combat entre l’homme et la machine. Un disque enregistré et mixé tout seul à la maison. Car il ne faut pas plus que dix shillings et six pences (le prix du chapeau porté par le personnage de Carroll) à Warynski pour nous faire tomber dans son trou comme Alice dans celui du lapin blanc.

Violoniste classique, à ses heures perdues professeur au conservatoire de Metz, Louis Warynski semble plus sombre et mélancolique qu’auparavant mais la musique du Chapelier reste à la fois savante et ludique. Complexe et désarmante. Pleine de nostalgie et d’espoir.

La tête s’évade, le coeur s’emballe

Faire face à (l’)Invisible et suivre dans ses délires le Chapelier, toujours aussi fou, c’est écouter le tumulte de L’eau qui dort, s’obséder pour Le Tricot. Avoir la tête qui s’évade et le coeur qui s’emballe. Peu de voix s’élèvent des neuf chansons qui peuplent ce deuxième album. Juste celle du « performeur sans fonction précise » Gérald Kurdian (This is the hello monster) sur le très années 80 Vessel Arches. Et le timbre inimitable et ténébreux de Matt Elliott qui se glissait déjà sur 613 et avec lequel il a pris la route pour la dernière tournée de Third Eye Foundation. Moth, Flame mettant fin au voyage en ne donnant qu’une envie: s’y abandonner à nouveau.

Au-delà des terrains de jeu de Four Tet, de Tortoise et autre Yann Tiersen à qui Warynski fait penser sans vraiment leur ressembler, ce deuxième album touche des ambiances rétro-futuristes qui peuvent subrepticement évoquer un Air (dans Cyclope & Othello par exemple) mais se distingue avant tout par sa singularité.

Puisqu’on peut encore, à tout le moins pour quelques mois, exploiter le format CD, le Chapelier et Grégory Wagenheim ont imaginé neuf pochettes qui correspondent chacune à un titre de l’album et qu’on peut glisser derrière la face transparente du boîtier. Roches et morceaux de paysage difformes comme aperçus à travers un oeil de boeuf. Chapeau.

Julien Broquet

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