Camille, couleur bleu nuit

Camille © PG
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Vendredi soir, la chanteuse française venait présenter son nouvel album sur la scène des Nuits, au Cirque Royal.

La voix est bien là, mais le corps, lui, est caché. Quand Camille démarre son concert, elle est encore dissimulée, entièrement, sous une grande étoffe bleue. C’est ce qui s’appelle un retour en toute discrétion… Six longues années après son dernier album, Ilo Veyou, la chanteuse française publiera Ouï, le 2 juin prochain. Vendredi soir, au Cirque royal, il était au centre d’un concert, tout à son image. À la fois audacieux et populaire, têtu et charmeur. Peut-être pas parfait, mais vibrant et euphorisant.

Camille est donc encore enfuie sous le tissu quand elle se lance dans une reprise du morceau Blue, de Joni Mitchell, qui ouvre la soirée. Ce n’est que petit à petit, au fil des morceaux, que la chrysalide se fend. Camille apparaît alors, manipulant l’étoffe qui devient tour à tour burka, voile, robe, puis élément chorégraphique ludique – puisqu’ici tout, ou presque, est jeu -par exemple, avec les ombres (sur My Man Is Married But Not To Me). Visuellement, cela suffit à intriguer, voire à épater. Malgré tout, c’est bien la voix de Camille qui reste au centre de l’attention, donnant à entendre la moindre de ses respirations. A cet égard, si la chanteuse a pu par le passé tomber parfois dans l’exercice de style, elle ne se laisse plus autant déborder par son énergie dévorante.

Sur scène, trois filles, trois garçons, accompagnent l’héroïne de la fête, qui, en termes de genre, se pose un peu au milieu. Par exemple dans sa manière forte d’afficher ses sentiments, sans se sentir obligée à tout prix de jouer de la fragilité. Camille sur scène, en 2017, c’est en fait l’eau et la terre. D’une part, la cascade des voix qui s’entremêlent dans des polyphonies prenantes. De l’autre, les percussions (du gong aux cordes frappées du piano) qui pilonnent et donnent le ton. Après avoir servi une série d’anciens titres (Pâle Septembre, Paris, Rue de Ménilmontant), Camille descend d’ailleurs dans le public avec son groupe, chacun tapant sur un tambour de fanfare, pour faire le tour du Cirque. En rappel, Ta douleur est censé terminer en beauté la soirée. Mais Camille prolonge encore un peu l’histoire en invitant une dizaine de spectateurs sur scène pour improviser un Bruxelles, ma belle (sont des mots qui vont très bien ensemble). C’est simple, généreux, et indubitablement sincère. Le point final d’une soirée mémorable.

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