C’est scientifique: le rythme sera toujours l’affaire des bassistes

Les Red Hot Chili Peppers ne seraient rien sans leur bassiste Michael Balzary alias Flea © EPA
Lola Contessi Stagiaire

Des chercheurs américains donnent une explication scientifique à une tendance musicale transculturelle. Voilà pourquoi notre petite soeur à la voix suraiguë ne doit pas faire de beatbox et pourquoi les basses caverneuses garderont toujours le monopole du rythme.

Dans Come As You Are de Nirvana, Another One Bites The Dust de Queen ou Enter Sandman de Metallica, elles font battre notre coeur. Les basses sont partout, elles donnent le rythme et font danser des foules. Avec les batteries, ce sont pourtant les vilains petits canards des groupes de musique, souvent éclipsées par les guitaristes et les chanteurs. Toutefois, si on considère souvent que ces instruments ne sont pas « mélodieux », ce n’est pas à tort. Une étude de l’université de Duke montre qu’ils privilégient le tempo à la mélodie, laissée aux instruments produisant des sons plus aigus, pour mieux s’adapter à notre oreille.

Peu importe la culture dont elle est issue, la musique privilégie généralement les sons aigus pour transmettre ses mélodies et les sons plus graves pour diffuser ses rythmes. Les chercheurs ont voulu expliquer cette grande tendance musicale par la physiologie humaine. Partant d’une étude démontrant que nous sommes particulièrement sensibles aux mélodies transmises à haute fréquence, ils ont mené une nouvelle expérience.

Ils ont mesuré l’activité cérébrale de participants à l’écoute d’un rythme, transmis à la fois par des sons de hautes et de basses fréquences. Ils modifiaient ensuite le tempo pour provoquer une réaction négative chez l’auditeur. Qui casserait le rythme, casserait l’ambiance. Après de nombreux essais, les scientifiques ont découvert que si le changement de tempo s’effectuait à basse fréquence, il était davantage perçu par le participant. A haute fréquence, les auditeurs percevaient nettement moins bien la modification. Quand ils demandaient ensuite au participant de taper du doigt en rythme, c’est encore une fois les sons graves qui l’emportaient.

Leur étude montre que l’effet du rythme est plus fort quand il est véhiculé par des sons graves. Ce n’est pas un hasard si ce sont les basses, batteries et autres instruments à percussions qui donnent le tempo. Les conventions musicales ne dépendent donc pas seulement de facteurs culturels, mais également de facteurs physiologiques. La musique s’est adaptée à notre oreille et à notre cortex auditif: la mélodie est l’affaire des instruments aux sons aigus, tandis que le rythme est le monopole des instruments aux sons les plus graves. Voilà pourquoi notre petite soeur à la voix suraiguë ne doit pas faire de beatbox et pourquoi les basses caverneuses garderont toujours le monopole du rythme.

Leurs conclusions ne s’arrêtent pas là. Les chercheurs ont remarqué qu’il est plus facile de synchroniser son mouvement sur un rythme transmis par des sons à basses fréquences. Assez logiquement, plus une chanson emploie ses basses, plus elle fera danser ses fans. Dans les tubes les plus populaires, le rythme à quatre temps généralement joué par les grosses caisses assure un tempo basique et directement identifiable. Il ne reste qu’une chose à faire: obéir à son cortex moteur et « Let’s dance!« 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content