BSF J3: Entre ouragan et moiteur

© Belga

Ce dimanche, le Brussels Summer festival sortait son lit d’eau pour deux chanteurs français en mal d’amour.

Le ciel qui pleut ce n’est pas comme un enfant qui pleure. Ca ne se fatigue pas nécessairement. Alors c’est sous une pluie battante, glacée, ininterrompue, s’insinuant jusqu’aux os (…) que les Brussels Summer Festivaliers applaudissent les artistes de l’une des plus belles affiches de cette édition 2010, ce dimanche.

Avec Mièle, Micky Green et Gotan Project sur la grande scène, place des Palais. Lesquels réussissent à rameuter un public à la taille plus qu’honorable malgré les conditions (et vas-y que je te crève l’oeil avec ma baleine de parapluie). Pétrisseurs de tango et de musique électronique, les Gotan Project parviennent, vers minuit, à sécher les nuages avec leur langueur festive, et offrent au public son unique moment de danse de la soirée.

Plus difficile de bouger, en revanche, sur un Sammy Decoster vers 20.30, place du Musée. Pas qu’il y ait du monde, mais une météo de Toussaint, ça vous paralyse un brin.

Qu’importe, Sammy s’en moque et déverse son orageux folk-rock sur ses inconditionnels avec autant de fougue que s’ils étaient réunis par dizaines de milliers dans un stade. Il a la colère qui lui tenaille le ventre, le beau Français. Le natif de Deauville balade ses quelques fans avec sa douleur de Hawaii à Savannah Bay en passant Tucumcari. Il gronde, tel un ouragan, sur une scène habillée seulement d’une batterie, d’une contrebasse et de sa guitare. Et quand l’averse (sonore) s’apaise, il prend sa voix d’Elvis, son vibrato caverneux et espiègle, et poursuit le voyage dans des contrées qui sentent bon la terre mouillée, les rodéos et la Bud.

Autre style pour un autre road trip -franco-français, lui-, celui proposé sur cette même scène par Arnaud Fleurent-Didier, phénomène bobo de ce début d’année, jeune homme très parisien, très dandy… Qui agace autant qu’il fascine, avec sa voix fluette de jeune page, ses manières délicates, et ses considérations de pauvre petit garçon riche.

Son dernier album, La reproduction, nous soufflait pourtant qu’il faudrait compter avec lui et son nombrilisme écorché vif.

Sur scène, Arnaud Fleurent-Didier, c’est beau comme un film de Christophe Honoré. Torturé, élégant, aérien, malicieux, tragique, poseur… Arnaud est Louis Garrel, et sa sublime partenaire de scène (Dorothée de Koon, à la fois choriste, claviériste, guitariste…), Léa Seydoux. Un duo infiniment séduisant pour le plus envoûtant des concerts de ce BSF. Le plus charmant, le plus troublant, excitant. AFD parle de sexe essentiellement. Et fait croire à son public grisé par cette intimité qu’il est trempé de sueur et non de pluie.

Myriam Leroy

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