BSF J10: De Madonna à la Gantiva

Natalia Gantiva, vocaliste et percussionniste de la Chiva Gantiva. © Philippe Cornet
Philippe Cornet
Philippe Cornet Journaliste musique

D’un concert de la talentueuse Typh Barrow au Magic Mirrors, on glisse vers les bruxellocolombiens de La Chiva Gantiva. Avec en plus, le boss du BSF qui nous dit deux-trois choses sur le festival.

On dirait Madonna brune dans ce nez aigu et cette sexualité qui passe, visiblement, par des talons de dix centimètres -pratiques pour actionner les pédales du piano électrique- et une farandole de cheveux rescapés d’un stage intensif chez Jean-Louis David. Typh Barrow, bruxelloise d’âge genre 28 (?), repérée en 2012 pour sa reprise du Gangsta’s Paradise de Coolio-Stevie Wonder, a un vrai talent vocal. Son site dit qu’il est smoky mais la véritable fumée vient de ces moments où elle s’abandonne, oubliant les tics de présentations superflus et ce trio d’accompagnateurs. Pas que ceux-ci soient mauvais mais pour bourlinguer avec cette fille qui reprend Amy Winehouse en faisant trembler le chapiteau, il faut un peu plus de testostérone au service de la femme-mère-amante-patriarche-copine en question. Eux, sorry, ne l’ont pas. Dommage parce que ce larynx rauque Barrow, groove avec une présence gracieuse, et un timbre déconcertant qui devrait aller loin. A condition de ne pas faire de quartier.

Typh Barrow, du coffre et l'envie d'en découdre.
Typh Barrow, du coffre et l’envie d’en découdre. © Philippe Cornet

L’autre fille notable de la soirée, c’est Natalia Gantiva, vocaliste-percussionniste de La Chiva Gantiva, collectif bruxellois dont le noyau colombien s’est développé autour de la brune précitée et de son comparse/fiancé Rafael Espinal. Le groupe tourne, de l’Australie à l’Angleterre, sans doute parce qu’il électrochoque internationalement la musique latino, celle des vieilles Andes et des tubercules urbaines, du Che et de Cent ans de solitude. Tout ce truc socialo-rythmique qui fait de la Colombie un thermomètre incontrôlable, se retrouve là, au Mont des Arts. On sent bien que le rock -en particulier celui des Red Hot- y est passé, mais ce bordel de sept musiciens incluant deux cuivres, amène du tropicalisme bouffé aux racines par l’Europe. Ou l’inverse. Rafael Espinal vole un peu la vedette aux autres, puisqu’avec son pedigree visuel à mi-chemin d’Iggy Pop et de Pasolini, on peut l’imaginer dirigeant le funk latin du XXIe siècle.

Alors quoi, le BSF deviendrait-il un vrai festival malgré les critiques passées de « fourre-tout musical » et de « festival juste commandité par la ville » ? Subjectivement, il y a quelque chose de fascinant à voir le coeur de Bruxelles enrobé de (bonne) musique. Denis Gerardy, directeur du BSF, est parfaitement conscient des critiques diverses jetées sur l’événement. « Oui, la Ville de Bruxelles nous a toujours soutenus et là, elle met encore 300 000 euros mais sur un budget de 2,4 millions d’euros, dont nous ramenons 1,4 million par nos recettes propres, entrées et bars compris ». BSF, grand bazar ? « J’ai toujours défendu, depuis les débuts, une conduite à la Paléo Festival de Nyon qui programme à la même édition, Aznanour et Springsteen. Et le fait que nos prix soient bas -50 euros le pass de dix jours- amenant des accusations de concurrence malhonnête, je suis pour que les entrées de festivals, soient généralement moins chères. Ni plus ni moins ». En 2015, scoop, le BSF devrait ajouter à ses lieux de concerts, une salle indoor tout près de sa zone actuelle: 125 000 personnes ont fréquenté l’édition 2014.

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