Bozar Electronic Arts Festival, le Québec à l’honneur

Dust © Herman Kolgen
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Point d’orgue de la Quinzaine des arts numériques, la 2e édition du Bozar Electronic Arts Festival met les petits plats dans les grands, entre musique techno et installations. Invité d’honneur: le Québec.

Au fil des années, c’est devenu une évidence. Et pourtant… Faire rentrer les cultures électroniques au Palais des Beaux-Arts -ses velours rouges, ses expositions prestigieuses, ses courbes Horta- était au départ un vrai pari. En 2009, le premier BEMF (Brussels Electronic Music Festival) a défriché le terrain. Depuis, les rendez-vous se sont multipliés (les fêtes Bozar Electronic…). L’an dernier, Bozar élargissait encore un peu la palette. Rebaptisé BEAF (Bozar Electronic Arts Festival), l’événement ne se contente plus de l’aspect musical. Comme son nom l’indique, le BEAF entend bien élargir son programme aux autres arts électroniques: vidéo, performances, installations… Certes, cette année encore, la musique garde la main, avec une affiche impeccable, aussi festive qu’audacieuse: Jon Hopkins (l’album techno de 2013?), Modeselektor (Apparat ayant dû annuler sa venue après un accident de moto), le terrifiant Vatican Shadow, les essentiels Juan Atkins & Moritz Von Oswald… Entre les concerts et les sets DJ, le BEAF investira cependant d’autres terrains.

A l’honneur cette année, le Québec. On l’oublie souvent mais, loin des clichés variét’ et de la convivialité rires & chansons, la Belle Province est bel et bien devenue l’un des principaux centres nerveux de l’art numérique actuel. « C’est vrai que ce qui se passe à Montréal ne se passe pas à Toronto ou à Vancouver, explique Alain Thibault, directeur artistique du festival montréalais Elektra. Et pas davantage à New York ou San Francisco. Selon moi, cela tient à deux facteurs. La province de Québec est celle qui investit le plus dans la culture. Pour nous, c’est important de cultiver une identité culturelle forte -vous n’ignorez pas que l’on a déjà organisé deux référendums pour se séparer du Canada… Ensuite, il y a un esprit créatif qui est lié au fait de se trouver entre l’Europe et les Etats-Unis. Cela crée une dynamique particulière. » Dès 1996, par exemple, la Société des Arts Technologiques (SAT) a été fondée à Montréal. Lancé en 2000, le Mutek est devenu lui un festival de musique électronique incontournable, au même titre que le Sonar barcelonais ou le Movement de Detroit. Au même moment, Elektra se centrait davantage sur les arts numériques. « On est passé du multimédia aux arts technologiques puis numériques, explique Alain Thibault, suivant en cela les évolutions techniques. Aujourd’hui, les arts numériques sont un amalgame de musique, de visuels, éventuellement de danse… Ils ont souvent un caractère immersif, dans le sens où le public n’y est pas un simple spectateur passif. Le tout en utilisant évidemment les spécificités du numérique. Un exemple? Le data mining, qui a vu émerger une série d’artistes exploitant des données informatiques pour en faire une oeuvre visuelle. » A l’occasion du focus spécial Québec, Bozar a donc donné carte blanche à Alain Thibault. L’assurance de quelques sensations fortes…

Les incontournables

1. Tempêtes, de Yan Breuleux. Partant des peintures de Turner, Yan Breuleux a mis au point un dispositif immersif fait de sons et d’images. Une expérience visant à « créer des sensations de vertiges, de vide… »

2. La Chambre des machines, de Nicolas Bernier & Martin Messier. Acoustiques ou électroniques? Inspirés des futuristes italiens, les drôles d’instruments de La Chambre des machines défient les perceptions.

3. Dust, d’Herman Kolgen. Particules de poussière ou particules sonores, une plongée au « seuil de l’imperceptible ».

4. Purform: ABCD_Light, de Yan Breuleux et Alain Thibaut. Le son et l’image qui se suivent et se répondent, partant d’éléments lumineux simples pour se complexifier petit à petit. Et la lumière fut…

  • BEAF, DU 26 AU 28/09, AUX PALAIS DES BEAUX-ARTS, BRUXELLES. WWW.BOZAR.BE

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