Bob Dylan, légende vivante de la musique américaine

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FocusVif.be Rédaction en ligne

Le chanteur et compositeur Bob Dylan, 75 ans, qui vient de décrocher le prix Nobel de littérature en tant que poète, est une légende vivante de la musique populaire américaine du XXe siècle, aux textes mélodieux et engagés, qui a influencé des générations d’artistes.

Du troubadour folk des cabarets de Greenwich Village à New York (nord-est des Etats-Unis), à l’aube des Sixties, à la superstar décorée en mai 2012 par un de ses « fans », le président américain Barack Obama, qui a salué jeudi « un de (ses) poètes préférés », Robert Allen Zimmerman a toujours suivi son propre chemin de génie musical, rebelle et imprévisible.

Ce petit-fils d’immigrants juifs russes né à Duluth (Minnesota, nord) continue d’arpenter la planète même s’il s’est fait plus rare ces dernières années.

Malgré peu de grands albums après l’apothéose créative des années 1965-1975, il reste, au même titre que le tandem Lennon-McCartney des Beatles, l’un des chanteurs-auteurs-compositeurs les plus influents de l’histoire de la musique.

Fiasco du premier album

A l’instar de la plupart des adolescents américains, Bob Dylan tombe sous le charme du rock avec Elvis Presley et Jerry Lee Lewis avant de former son groupe.

En 1959, étudiant à l’Université de Minneapolis (nord), il découvre les pionniers du blues, de la country et du folk: Robert Johnson, Hank Williams et Woody Guthrie. Et il adopte le nom de scène de Bob Dylan, semble-t-il en hommage au poète gallois Dylan Thomas.

Il abandonne ses études et emménage à New York en 1961, où il fréquente la scène musicale embryonnaire de Greenwich Village. Là, il rencontre un batteur qui lui inspire le personnage littéraire de l’une de ses plus célèbres chansons, « Mr. Tambourine Man ».

Son premier album, « Bob Dylan », (1962) est un fiasco. Le succès arrive avec « The Freewheelin’ Bob Dylan » (1963) et ses deux titres contestataires: « Blowin’ in the Wind », chanson pacifiste devenue hymne contre la guerre du Vietnam, et « A Hard Rain’s A-Gonna Fall ».

Il sort des conventions pop avec « Like a Rolling Stones » (1965), qui dure plus de six minutes. Cette année-là, il effectue aussi un virage qui stupéfie et lui vaut même d’être appelé « Judas »: il passe à la guitare électrique.

Ses textes sont engagés, contre l’injustice sociale, la guerre, le racisme et l’esclavage. Il milite pour les droits civiques et, en 1963, participe à la Marche sur Washington autour de Martin Luther King.

Le succès de « The Times They Are A-Changin' », sur son troisième album éponyme (1964), assoit sa réputation. Mais il s’éloigne du mouvement contestataire et, en guise d’adieu, écrit « It Ain’t Me Babe ».

En trois ans, il a écrit plus de 300 chansons.

Il s’est aussi lié à la chanteuse Joan Baez. Ils forment un temps le couple du « roi et de la reine du folk ».

En 1965, avec l’album « Bringing It All Back Home », une collection acoustique et électrique qui choque les puristes du folk, il transforme l’écriture des chansons en fusionnant ses textes poétiques et surréalistes au rythme rock.

Lunettes noires et chapeau

Son chef-d’oeuvre « Highway 61 revisited » (1965) et le double album « Blonde on Blonde » (1966) atteignent les sommets du rock-folk.

Ses lunettes noires, ses boucles et son chapeau le transforment définitivement en icône énigmatique, même si sa voix rocailleuse ne fait pas l’unanimité.

En 1966, après un accident de moto, il se retire avec sa femme Sara, épousée l’année précédente.

Il revient en 1969 avec l’album folk « John Wesley Harding », suivi par « Nashville Skyline » en duo avec le chanteur country Johnny Cash. Il se détache de plus en plus des milieux de gauche, refusant d’être l’étendard des luttes de l’époque.

Après le très critiqué « Self Portrait » (1970), il ressurgit en 1975 avec « Blood on the Tracks », issu de sa séparation avec Sara.

A la fin des années 1970, il se convertit au christianisme et déroute une partie de ses fans.

Depuis les années 1980, son extraordinaire créativité s’est tarie. Ses prestations déçoivent. En 2011, il se produit pour la première fois dans un concert controversé en Chine, et au Vietnam.

Dans son 37e album studio sorti en mai, « Fallen Angels », il interprète des standards américains popularisés par Frank Sinatra, avec un dépouillement typiquement « dylanien ».

Il a eu de nombreux imitateurs dans les années 1970 et a influencé de nombreux artistes: Leonard Cohen, David Bowie, Jackson Browne, The Doors, Bruce Springsteen, Talking Heads, The Clash, Nick Cave ou Lenny Kravitz.

« Là où l’on crée de la grande musique rock, il y a l’ombre de Bob Dylan, encore et toujours », affirme Bruce Springsteen.

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