Beck, le dada cool

Beck, en 2007. © Reuters
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Toujours allumé, Beck déroulait son Morning Phase mercredi à Forest National. Une prestation solaire et psyché qui prenait également des airs de semi best of.

Si Beck n’avait pas joué du clavier, de l’harmonica et de la guitare, on l’aurait bien vu en dadaïste déchireur d’affiche. Le colleur fou retapissait ainsi le son des années 90 en plaquant pêle-mêle folk, psyché, rock, funk et hip hop avec une rare audace. Six ans après Modern Guilt, l’homme aux nombreuses lignes de fuites parallèles (il produisait entre temps Thurston Moore) se réveillait hier soir avec Morning Phase dernier effort studio en date qu’il présentait à Forest National.

Funambule dans l’âme, Beck maîtrise également l’art du découpage et du montage dans la nomenclature de sa setlist. Les errances fantomatiques folk de Morning Phase se contiennent ainsi au milieu de son heure et demie de prestation. Tant mieux. Car sur le terrain du spleen magnifique, et malgré le lien à Neil Young, Morning Phase n’a pas la carrure d’un Sea Change. Et encore moins celle de son Mutations de 1998, par ailleurs ignoré lors de son concert bruxellois.

À sept sur scène, la troupe qui a installé trois claviers ouvre et referme donc les débats à grands coups d’hymnes irrésistibles. Devil’s Haircut et Black Tambourine entament le bal sur un son trop étouffé. Les trentenaires à la cool qui tapissent le parterre de la salle (réduite en formule club) ne décollent pas forcément. Loser qui suit, rappelle pourtant au public que Beck compte parmi les premiers à avoir injecté un flow rap là où on ne s’y attendait pas. Dans du rock indé 90’s aux cheveux gras. Bouger-bouger. Toute trompette et banjo dehors notamment sur un Sexx Laws très souriant, la fermeture du rideau s’achève sur un ultime Where It’s At. Festif. Mais pas d’apocalypse en vue.

Après son intro et avant son rappel, Beck Hansen a pourtant travaillé son public au corps. Il n’hésitait ainsi pas à se livrer, entre deux ritournelles, à un prêche d’évangéliste sudiste illuminé. Celui qui se définissait jadis en interview comme une bratwurst folle reprenait également I Feel Love de Donna Summer en cours de Think I’m In Love sans, malheureusement, le développer. Chapeau de mormon vissé sur la tête, le californien reste monté su ressorts, notamment, sur E-Pro et Hell Yes, extraits tubesques de Guero. Presqu’autant que lors de notre dernière rencontre à Forest National. Soit en 1996, pour les 15 ans épiques de Radio 21. Eels, Jean Luc Fonck dans un gâteau géant, Neneh Cherry et notre Polvoerde national en Mr Manatane. Le dadaïsme, une histoire bien belge aussi.

SETLIST: Devil’s Haircut / Black Tambourine / Loser / The New Pollution / Blue Moon / Gamma Ray / Hell Yes / Think I’m In Love (avec du I Feel Love dedans) / Soul Of A Man / Lost Cause / Unforgiven / Heart Is A Drum / Wave / Waking Light / Girl / Timebomb / E-Pro // RAPPEL: Sexx Laws / Debra / Where It’s At

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