Balkan Trafik @ Bozar

Cinquième édition pour Balkan Trafik, festival multi-disciplinaire qui, cette année, pétarade aux sons de Goran Bregovic, de fanfares, d’accordéon, et de Duman, le Nirvana turc.

« Je travaillais la nuit à BeTV comme réalisateur sur le sport et puis j’ai atterri dans un snack de la Chaussée de Louvain où le tenancier avait un drôle d’accent. Il était du Kosovo, albanophone. Il m’a parlé de son frère qui étudiait le français à Pristina et j’ai fini par y aller pendant deux semaines. » Nicolas Wieërs, 35 ans, patron du Balkan Trafik, raconte sa découverte il y a « 7 ou 8 ans » d’un Kosovo à la sortie de la guerre, n’accédant à l’indépendance qu’en 2008. Il y rencontre une jeunesse éduquée, mais désoeuvrée, qui ne comprend pas d’être reléguée à l’image de pays traficotant. « Cela m’a énormément touché et je me suis dit que je devais faire davantage de toute cette énergie positive qu’un documentaire (mon métier), mais utiliser la musique, entre autres, pour provoquer la rencontre des communautés des Balkans et de Bruxelles. »

Après avoir écumé les possibilités de salles (Beurs, Bota, Halles, Flagey), c’est finalement dans l’enceinte précieuse de Bozar que Nicolas trafikote dès avril 2007. L’initiative prend, le public grandit, la programmation se diversifie, incorporant films, gastronomie, ateliers, soirées DJ-électro: « On est bien sûr dans ce mélange Occident-Orient, dans l’émotion des musiques diversifiées mais aussi dans une réalité un brin différente de la nôtre: il suffit de voir les troupes nationales de ces pays pour comprendre que, là-bas, le folklore est une réalité blindée de jeunes. »

Nourri d’un budget sans folie (400.000 euros), largement dopé au bénévolat, le festival 2011 est coiffé par la venue de Goran Bregovic et d’un ambitieux opéra récité, Margot: mémoires d’une reine malheureuse. Autre figure de proue: le Boban & Marko Markovic, dans la tradition des cuivres en extase, ayant remporté de nombreux prix au festival de Guca, raout annuel de la trompette qui rassemble 600.000 visiteurs dans une petite localité de Serbie. A Bruxelles, on pourra d’ailleurs assister à une brassband battle inspirée du genre…

« Ces gens sont fiers de leur culture et c’est vrai qu’entre fierté et nationalisme, la frontière est faible: pour autant, la majeure partie de la jeunesse des Balkans ne veut pas être perçue comme nationaliste. » Difficile de faire le tour de l’affiche mais outre la première du nouveau film de Danis Tanovic, une soirée Balkan Accordians et la performance en famille du Bruxellois Tcha Limberger, on ira voir Duman, intéressant groupe de la Turquie moderne dont le chanteur-guitariste a vécu au début des années 90 du côté de chez Kurt Cobain, à Seattle…

Balkan Trafik, de ce jeudi 14 avril au dimanche 17 avril, au Bozar, Bruxelles.
www.balkantrafik.com

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Philippe Cornet

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