Critique | Musique

Azari & III: house sweet house

HOUSE | Avec leur premier album, les Canadiens d’Azari & III ressortent la house du garage. Avec tout l’attirail et surtout l’esprit qui va avec…

Il n’y avait pas de raison qu’elle y échappe. Ces dernières années, à l’instar des autres genres ayant bénéficié du revival eighties (l’électro-pop synthétique en premier lieu), la house music a également senti souffler le vent de la nostalgie. Pas qu’une simple brise: d’Hercules & Love Affair à Juan McLean, le revival s’est fait de plus en plus prégnant.

Le premier album du projet canadien Azari & III en est une nouvelle preuve spectaculaire. Formé des 2 producteurs de base (Dinamo Azari and Alixander III) rejoints par 2 chanteurs black (Fritz Helder et Cedric), le quatuor replonge en effet dans les heures de gloire de la house music. Née du côté de Chicago, elle faisait alors danser la disco et la hi-nrg au son de la nouvelle révolution électronique et des premières boîtes à rythmes. Avec Azari & III, tous les éléments typiques sont ici rassemblés et réanimés: éthos festif et libertaire, vocaux maniérés, palette sonore directement identifiable (réminiscence de synthés primitifs, roulement disco à la Moroder sur Change of Heart…).

Mode vintage

Foncièrement, la démarche est on ne peut plus rétro. On n’arrive cependant pas à bouder son plaisir. Dès l’entame, par exemple, Into The Night sonne comme un classique, à la fois déjà entendu des milliers de fois, directement assimilable, et en même temps tout à fait irrésistible. Plus loin, l’instrumental Tunnel Vision fait dans l’acid-funk drogué, laissant penser que, dans les clubs où jouent les Canadiens, il se passe certainement autant de choses sur la piste de danse que derrière les portes des toilettes…

La paire Helder/Cedric fait également beaucoup pour instiller ce petit parfum de décadence et d’hédonisme queer. Sur le single Manic, les voix légèrement filtrées jouent à fond sur le côté androgyne. Plus encore, sur Hungry For The Power, le duo fait sonner le morceau comme un classique camp, millésimé 1988.

Bizarrement, aussi marqué et connoté soit-il, ce premier album n’en sonne pas moins juste, presque moderne. Peut-être parce qu’il ne se contente pas de réactiver quelques gimmicks vintage. On citait plus haut le revival synth-pop: le plus souvent, celui-ci s’est limité à reproduire les effets de manche les plus faciles, ressassant dans le vide le même nuancier sonore. A l’inverse, Azari & III embarque également avec lui un certain esprit libertaire. Conçue au milieu des années 80 dans les boîtes gay et black, au plus fort du reaganisme triomphant, la house charriait alors une idéologie aussi festive que transgressive. Depuis, cette idée de la fête et de la communauté s’est un peu perdue en route. En la remettant à l’ordre du jour, Azari & III fait donc oeuvre utile. En ne révolutionnant rien -musicalement parlant, on n’est jamais très loin du pastiche. Mais en rendant des couleurs et une certaine lasciveté à la piste de danse.

Laurent Hoebrechts

Azari & III, Azari & III, distribué par Loose Lips/V2. ****

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