Arnaud Fleurent-Didier, bobo cool

Halles des foires. 13H50. Il s’agissait d’ignorer fatigue, mal de crâne et courbatures pour assister ce dimanche à ce qui restera peut-être comme le concert le plus intense du week-end…

Deux mois après son passage aux Nuits Botanique, Arnaud Fleurent-Didier se présente à Liège fort d’une setlist et d’arrangements singulièrement retravaillés. Tant mieux. Plus convaincant encore, le concert du jour, intense, se déroule aussi dans une bonne humeur manifeste: AFD, tête à claques de l’année pour tout anti-parisianiste qui se respecte, reste d’une coolitude absolue, que le soundcheck s’éternise, qu’il oublie de monter le volume de sa guitare sur les premiers morceaux ou bien, encore, que son groupe le coupe en plein déballage d’absurdités entre deux titres. On a beau dire, la supposée baudruche boboïsante du moment a quelque chose d’éminemment sympathique.

Plus concrètement, « Pépé 44 » et « Mémé 68 » se posent en parenthèses logiques d’un concert ne manquant ni de souffle ni de ponctuation. Entre les deux, un grand huit musical étonnant. Basse grondante, nappes de claviers rêveuses, choeurs enchanteurs, voix de fausset précieux: Fleurent-Didier déroule son univers so seventies dans un esprit résolument pop-rock. Introduit, comme il se doit, en allemand (et même en flamand…?), le tube sociologisant « France Culture » fascine tandis que le gimmick de « My Space Oddity » est répété inlassablement, comme un mantra 2.0. Tous extraits de « La Reproduction », « L’origine du monde », « Reproductions » et « Ne sois pas trop exigeant », acmé fabuleux d’un concert n’en étant pourtant pas avare, sont également de la partie. Quand AFD ne se pique pas d’une reprise renversante de Pierre Vassiliu (impayable « En vadrouille à Montpellier »).

Alors que ce dimanche des Ardentes s’annonce comme une (médiocre, diront les mauvaises langues) journée de Francofolies (Eté 67, Jeanne Cherhal, Gaetan Roussel, Eiffel, Saez), Arnaud Fleurent-Didier s’est ainsi fendu en tout début d’après-midi du concert le plus drôle, le plus intense, le plus ambitieux, le plus touchant du week-end. Les babas cool sont morts, vive les bobos cool!

Nicolas Clément, à Liège

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