Ardentes 2017, l’heure du bilan

Samedi 8 juillet 2017 © Olivier Donnet
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Edition record: après trois ans, le parti pris hip hop des Ardentes paie enfin. Tout cela n’empêche pas quelques bémols.

Au quatrième et dernier jour du festival, on aura encore vu ça. Il est 21h30, et Whitney Houston, la seule, l’unique, monte sur scène pour entamer une reprise du chant révolutionnaire Le Temps des cerises!… Bon, pour cela, il fallait assister à Blockbuster, la pièce du Collectif Mensuel – cinq musiciens/comédiens/bruiteurs qui détournent en direct des images de films hollywoodiens pour les transformer en une farce anticapitaliste. Elle a été jouée tous les soirs des Ardentes, attirant au total quelque 1200 personnes. C’était l’une des nouveautés de cette 12e édition, insérée dans la programmation du Wallifornia Musictech, centré sur les nouveautés technologiques autour de la musique. Une première que cette « convention » à côté de laquelle, on l’avoue, on est un peu passé à côté, mais qui a manifestement satisfait les organisateurs: l’événement devrait être reconduit l’an prochain.

À cet égard, on peut dire ce qu’on veut, mais rares sont les festivals qui, comme les Ardentes, ont autant muté ces dernières années. En opérant parfois des glissements risqués: il fallait oser prendre le pari du rap comme nouvelle colonne vertébrale de son affiche. Trois ans après avoir lancé le mouvement (Kendrick Lamar, Nicki Minaj, etc.), les Ardentes en récoltent aujourd’hui pleinement les fruits: quelque 80.000 personnes ont rejoint Coronmeuse durant les quatre jours – un record si l’on met de côté l’édition anniversaire qui s’était étalée sur cinq jours. Le pic a été atteint vendredi: 22.000 spectateurs enregistrés pour une soirée dominée par le phénomène Damso et l’ambianceur Roméo Elvis, symboles d’une scène rap belge en pleine bourre. La cuvée 2017 fut donc bonne pour les Ardentes.

Tout cela n’empêche pas quelques bémols. Dans un site redessiné, la Rambla, la plus petite des trois scènes, installée devant les Halles, le long de la Meuse, a rarement fonctionné. C’est moins une question de programmation que d’emplacement: plantée au milieu d’un lieu de passage, elle n’a jamais vraiment trouvé sa place. Et n’a pas convaincu grand-monde. Organisateurs inclus… Certains ont pu également regretter que les festivités se terminaient dorénavant à 1h. Fini les soirées électro abritées dans les Halles, les amateurs ayant de toute façon l’embarras du choix par ailleurs, se dit-on du côté du festival…

Reste la question de la programmation. Indéniablement, le parti pris hip hop a permis de rajeunir le public, attirant des nouveaux festivaliers enthousiastes (record du nombre de moshpits largement battu) et hyperconnectés. Mais si les Ardentes ont pris le pli des musiques urbaines, que faire des autres genres? Comment trouver le bon équilibre? Pas question de lâcher le rock et la pop, auxquels une grande partie du public traditionnel du festival reste fidèle. Mais faut-il encore y chercher de grosses têtes d’affiche? La question est posée… Il y en a plein d’autres. Après 4 jours où la plupart des gros bras hip hop ont rappé sur des bandes, où est le live? Et surtout, est-ce vraiment si capital? Vaut-il mieux le bordel juvénile de Rae Sremmurd sur bande ou le rock en roue libre avec musiciens de Liam Gallagher? Qu’est-ce qui fait, non pas le bon concert, mais bien le bon concert de festival? La qualité musicale? L’ambiance? Le groupe? Le public? Le charisme permet-il tout? Le pogo est-il l’avenir du festivalier? Les fruits (l’ananas de Rae Sremmurd) ou légumes (les brocolis de Lil Yachty) sont-ils les nouveaux accessoires à la mode? Et surtout, doivent-ils être bios? Réponse(s) ou pas, à la fin de l’été…

Le fil de la journée

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