À 85 ans, le jazzman Sonny Rollins espère pouvoir rejouer malgré la maladie

Sonny Rollins, ici sur la scène du Vitoria Jazz Festival (Espagne) en 2008. © REUTERS/Vincent West
FocusVif.be Rédaction en ligne

Légende du jazz, Sonny Rollins n’a plus joué depuis 2012 mais, à 85 ans, il table sur les progrès de la médecine pour lui rendre la possession de son saxophone et continue à publier de la musique issue de ses archives.

Le « Saxophone Colossus », surnom tiré de son album le plus connu, sorti en 1956, fait partie des quelques géants qui ont défini leur instrument, avec Charlie Parker, John Coltrane et Coleman Hawkins.

Sonny Rollins est particulièrement connu pour son style mordant, puissant, et sa propension à l’expérimentation. Durant sa carrière, qui s’étend sur huit décennies, ce bourreau de travail a pris plusieurs longues pauses, notamment durant les années 60 pour voyager en Inde et au Japon, en quête de spiritualité.

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Cette fois, son silence n’est pas un choix. Des problèmes respiratoires l’ont, en effet, empêché de jouer depuis 2012. Il veut croire que « des traitements nouveaux, modernes » pourraient lui redonner accès à son instrument, a-t-il expliqué lors d’un entretien avec l’AFP. « Je n’en ai pas fini avec ce que je veux faire musicalement. Donc je veux vraiment en faire plus et j’espère que j’en serai capable », ajoute l’homme à la stature imposante, affable ce jour-là.

En attendant, il continue de puiser dans ses archives et sort, ce vendredi, un nouvel album, Holding the Stage: Road Shows, Vol. 4, qui comprend dix titres joués lors de concerts aux Etats-Unis et en Europe. Le dernier morceau est tiré d’un concert passé à la postérité, à Boston, le 15 septembre 2001, quatre jours après les attentats du 11 septembre, que Sonny Rollins, résidant près du World Trade Center, avait vécu aux premières loges.

« Ce monde ne changera jamais »

Sonny Rollins a longtemps envisagé sa musique comme un commentaire des événements de l’époque. Durant les années 60, le natif de New York et beaucoup de ses contemporains musiciens pensaient « que la musique pouvait changer le monde ». Il en est revenu et dit vouloir aujourd’hui donner à sa musique « un cadre plus large », inspiré non pas par « ce monde, mais par le monde infini ».

« A une époque de ma vie, j’ai pensé que ce monde pouvait changer et devenir plus pacifique, avec plus d’amour entre les gens et de l’espoir. Mais j’ai appris et j’ai vécu un peu plus », dit-il. « J’ai réalisé que ce monde ne changera jamais », concède-t-il, fataliste. « Il est destiné à être un lieu de guerres, de tueries, de maladie, de mort. Ça, c’est notre monde. »

Il ne se laisse pas pour autant aller à l’aigreur et croit toujours que « le but de la vie est de servir les autres ». Dans son cas, la mission passe par la musique, qui doit donner aux autres de la joie. « J’ai beaucoup de chance d’avoir pu vivre ma vie en jouant de la musique », dit-il.

Relation compliquée avec Coltrane

Elevé à Harlem par des parents originaires des Iles Vierges américaines, Theodore « Sonny » Rollins a été attiré par une carrière dans la musique lors d’une visite de Frank Sinatra dans son école. Son parcours l’amènera à croiser, très jeune, la route de presque tous les plus grands noms de l’histoire du jazz, de Miles Davis à Charlie Parker en passant par Max Roach et Thelonious Monk.

Etiqueté jeune prodige, il reconnaît avoir eu du mal à trouver sa place parmi ces vedettes, notamment Monk mais aussi John Coltrane. « Quand je repense à ma relation avec Coltrane et avec Monk, je me dis que j’ai fait beaucoup de choses stupides que j’aurais évité si j’avais été plus mûr », concède-t-il.

Ceux qui resteront peut-être comme les deux plus grands saxophonistes de l’histoire, Sonny Rollins et John Coltrane, n’auront joué ensemble que sur un seul titre, Tenor Madness, enregistré en 1956.

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Pour l’octogénaire à l’abondante chevelure blanche, John Coltrane, parfois présenté comme son rival malgré l’amitié entre les deux hommes, était « un magnifique, magnifique être humain ».

Ornette Coleman et Horace Silver disparus ces deux dernières années, Sonny Rollins est aujourd’hui l’un des derniers géants du jazz encore en vie. « Nous ne sommes pas censés vivre éternellement, donc on ne peut pas voir ce qu’on appelle la mort comme une mauvaise chose », dit-il au sujet de ses amis. « Ils ont donné au monde le jazz, qui est un phénomène sans fin », souligne-t-il. « C’est merveilleux. »

Sa longévité, Sonny Rollins la doit en partie, pense-t-il, à la pratique du yoga, qui l’a aidé à renoncer à l’alcool et à la drogue, après une jeunesse agitée, mais surtout à son appétit de création. « Je suis toujours en vie parce que j’apprends encore. »

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