Critique

Wasteland 2, jeu de rôle impitoyable et littéraire

Wasteland 2 © InXile Entertainment
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Avant le très attendu Fallout 4 dont il a semé les graines, Brian Fargo réédite Wasteland 2 sur consoles. Retour aux sources.

Bagout, sens inné de la mise en scène et humour comptent parmi les qualités essentielles d’un maître de jeu (humain). En passant de la table aux joysticks, une foule de jeux de rôle perdaient toutefois ce pouvoir d’attraction narratif. Brian Fargo, pape du genre qui a créé Fallout, lancé Interplay et découvert Warcraft (excusez du peu), joue, lui, de sa plume à l’ancienne. Réédité sur consoles cette rentrée, son récent Wasteland 2 déroule ainsi des kilomètres de dialogues épaississant sérieusement l’équipe de Desert Rangers qu’il confie aux gamers. Mieux, chaque pierre, chaque interlocuteur de son épopée post-nuke cache un descriptif détaillant jusqu’au motif de la chemise à qui l’on s’adresse.

Mine de rien, ce luxe de détails immerge. Certes, les visuels et les angles des caméras de Wasteland 2 sont médiocres. Mais, à force de subtilités ludiques dévoilées progressivement, les héros restaurent l’ordre dans leur monde et une certaine manière (oubliée) de faire des jeux. Méticuleux, le projet plébiscité par une horde de fans via Kickstarter tire dans la catégorie des jeux de rôle tactiques. Après avoir créé une équipe de quatre persos, on évolue ainsi au fil de combats plantés sur un damier géant. Ce jeu d’échecs mutant et savant gère les déplacements et les attaques des avatars via un nombre de points limité. Chaque action est très réfléchie donc.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Couché sur papier, ce principe coule comme de l’eau de source (vitale lors des randonnées dans le désert). Mais le jeu d’InXile Entertainment sort de sa boîte à malices un enchevêtrement complexe de règles qui brouillent délicieusement les pistes. Les terrains de combat en damiers se jonchent ainsi de débris permettant de protéger ses troupes comme dans un XCOM. Carcasses automobiles et autres frigos déclassés servent en outre de planques pour tendre une embuscade aux bad guys et mutants en place.

La rage au ventre

Rude et coriace comme du cuir tanné au soleil, Wasteland 2 sanctionne de plus tout mauvais choix de compétences. Un personnage désoeuvré en points de chance ratera ainsi trois fois sur quatre une plante cannibale qu’il essaiera de -bêtement- frapper avec un bâton en début de partie. Si cette âpreté fait partie de son charme, on regrette d’ailleurs que Wasteland 2 ne soit pas un peu plus didactique sur ce terrain.

D’emblée méchant avec le joueur, le jeu de rôle se montre également acerbe envers nos contemporains. La bêtise de la religion, l’aveuglement du capitalisme et même l’esclavage dansent, proches du coma éthylique. On sourit souvent face aux dialogues à choix multiples. Dynamiques, ils forcent à répondre de façon cohérente. A la recherche d’un émetteur planqué, le gamer devra ainsi faire preuve de tact en interrogeant une laborantine qui vient de perdre ses proches… sous peine d’être remballé. Le jeu montre enfin que le boulot de shérif n’est pas simple. Les gens reprochent sans cesse qu’on arrive trop tard alors qu’on vient de sauver d’extrême justesse la veuve et l’orphelin.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR INXILE ENTERTAINMENT, ÂGE: NC, DISPONIBLE SUR MAC, PC, PLAYSTATION 4 ET XBOX ONE (VERSION CHRONIQUÉE).

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content