Critique

Thimbleweed Park: le Pixel m’a tuer

Thimbleweed Park © Terrible Toybox
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Thimbleweed Park signe le retour aux affaires de Ron Gilbert. Le père de Maniac Mansion s’y dresse en gardien du temple point & click.

Horripiler le gamer en barrant sa progression avec un obstacle surréaliste et stupide était un passe-temps national chez LucasArts et Sierra Entertainment. L’ombre de ce hobby qui a précipité vers la tombe ces studios de l’âge d’or des jeux d’aventure plane encore sur Thimbleweed Park. Déballé par Ron Gilbert (le père de Maniac Mansion), ce point & clickévite heureusement les énigmes masochistes et tordues de ses prédécesseurs. D’un couple de plombiers municipaux déguisés en pigeon à un shérif redneck prenant ses administrés -et le joueur- pour de parfaits imbéciles, ce projet crowdfundé préfère planter des personnages mettant les nerfs du joueur à rude épreuve. Autant de barrières non sens proches d’un Chevalier du Ni exigeant un jardinet comme laissez-passer.

Aidé par Gary Winnick, ex-pilier de l’édifice LucasArts, Thimbleweed Park et son enquête d’homicide se suivent d’ailleurs comme un épisode de X-Files pris en otage par les Monty Python. Cette aventure pixélisée grattant les gloires fanées d’une bourgade industrielle américaine autrefois prospère malmène donc les clichés des séries policières US. Cousin proche de Mais qui a tué Pamela Rose? et de La Cité de la peur, ce jeu qui se contente d’appliquer une palette 16 bits au style originel de Maniac Mansion déroule sans peine une écriture ciselée et caustique. Mention spéciale pour les commentaires méprisant d’Angela, un des deux agents du FBI jouables…

Ron Gilbert’s Flying Circus

De la pixellisation du cadavre en décomposition à une critique ouverte des game over absurdes de Sierra, le quatrième mur est également souvent abattu. Les blagues pour initiés s’accumulent et décrochent des sourires. Pas des fous rires. Entre voyante arnaqueuse et employé des postes un peu trop au taquet, les personnages loufoques en placese coupent pourtant en quatre pour assurer le show. Chuck, richissime homme d’affaires tyrannique dont le génie en IA domine la localité donne ainsi la réplique à Delores, sa nièce qui refuse l’héritage de l’empire familial. Plus loin, Clown Ransome, frère jumeau pixélisé de Krusty des Simpson, y joue aux affreux comiques.

Ces deux derniers personnages jouables se baladent lors de flash-back bien calés. Et les histoires parallèles se multiplient avec talent pour élargir le vocabulaire ludique de ce jeu barge et 80’s. Comme sur Day of the Tentacle, le gamer y prend ainsi en main (à tour de rôle) deux protagonistes (le jeune agent et l’inspectrice confirmée) capables d’interagir entre eux. Les histoires parallèles s’accumulent. Et face aux point & clicks des années 80 et 90, le jeu se livre à une surenchère de tableaux outdoor et indoor à explorer.

Cette multiplication des zones de recherche augmente les interactions et donc la difficulté générale du titre. Mais pas son attrait. Ankylosé de longues marches lassantes et de frustrations (les deux agents du FBI ne peuvent pas se parler), Thimbleweed Park relève bien du domaine du fan service très bien exécuté mais sans coup de génie ludique. Moins doué en tout cas qu’un certain Broken Age de Tim Schafer.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR TERRIBLE TOYBOX, ÂGE: 12+, DISPONIBLE SUR ANDROID, IOS, LINUX, MAC, PC ET XBOX ONE. ***(*)

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