Critique

NieR: Automata: attention, jeu culte

© Square Enix
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

ACTION RPG | Yoko Taro questionne la nature de l’humanité sur NieR: Automata. Automatic for the people…

Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? La question brûlera d’actualité en 2020, lorsque les premières voitures autonomes de Niveau 4(1) sortiront d’usines. Qu’on se le dise: depuis quelques années, l’intelligence artificielle opère un saut quantique. Aidée du deep learning, une technique d’apprentissage « supervisée » permettant à un logiciel d’acquérir une certaine autonomie de raisonnement, les IA avancées sont déjà parmi nous. Alexa, Cortana et Google Now comprennent le langage courant. Facebook tague des visages. Impossible donc de rester indifférent face à NieR: Automata, action RPG polymorphe confrontant âmes humaines et robotiques.

Il faudra d’abord passer outre une réalisation graphique datée pour apprécier ce pseudo monde ouvert tournant à 60 images par seconde. Une fois digérées, les textures tristes tapissant des environnements post-apocalyptiques vides dévoilent une humanité fascinante qui a confié le destin de sa Terre à des soldats androïdes doués d’émotions. 2B et 9S comptent parmi les unités espérant reconquérir la planète bleue tombée sous le joug extraterrestre. Mais au fil de leur progression, la légitimité de leurs agressions (et de celles du gamer) envers des robots adverses -terrifiés- vacillera.

Obsédé de robotique, le Japon du jeu vidéo se pose souvent la question de notre place face à des intelligences artificielles. Toshihiro Nagoshi, le créateur adulé de la saga des Yakuza, y confrontait des injustices sociales sur Binary Domain. Keiji Inafune (Megaman, Dead Rising) et les ex-créateurs de Metroid Prime brillaient sur ReCore. Travaillant entre Osaka et Tokyo, Yoko Taro relève le débat sans imposer une pensée unique au joueur avec NieR: Automata. Mieux, le créateur saute entre stupeur et tremblements, toutes les 20 minutes.

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Danse avec les fous

S’il virevolte très souvent à coups d’armes blanches acrobatiques, le studio derrière Bayonetta dévie souvent de sa trajectoire de base. Dans le feu de l’action, pour garder l’adversaire à distance, on troquera ainsi fréquemment sa lame contre des salves de laser hypnotiques. Mieux, la production de PlatinumGames évolue très habilement entre troisième personne, vue de profil et caméra aérienne en top down. Le tout pour varier les gameplays. Vous en voulez encore? Le titre invoque aussi l’esprit des shoot them up 90’s. La manette brûle. Les doigts piquent. Au fil d’une cohérence magique, on voyage de R-Type à Contra (Probotector).

L’ombre de ce dernier plane d’ailleurs face aux boss talentueux du jeu. Dans une arène, subrepticement, des dizaines de petits robots rondouillets envahissent progressivement l’écran pour former une matrice improbable. Plus loin, une Marie-Antoinette mécanique crache des flammes dans un parc d’attraction. Cinq plateformes pétrolières transformées en robots géants avancent le gamer. Les scènes d’anthologie criblent la production coiffée d’un soupçon de jeu de rôle. Qui lâche la manette pour aller au lit rêvera, à coup sûr, de moutons électriques après NieR: Automata.

(1) PILOTAGE TOTALEMENT AUTONOME SANS DEMANDE D’INTERVENTION POTENTIELLE DU CONDUCTEUR.

ÉDITÉ PAR SQUARE ENIX ET DÉVELOPPÉ PAR PLATINUMGAMES, ÂGE: 18+, DISPONIBLE SUR PC ET PLAYSTATION 4. ****(*)

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