Critique

Le passé recomposé de Final Fantasy

© Square Enix
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Avec son esthétique de Mon petit poney, World of Final Fantasy a le mérite de rendre hommage à la saga de Square tout en revisitant ses fondements.

Saboter la centrale électrique d’une corporation tyrannique, quitte à tuer des milliers d’innocents: en 1997, Final Fantasy VII s’ouvrait sur une sale action. Guidés par un groupe de terroristes écolos, ses choix moraux prenaient le gamer à la gorge. Près de 20 ans plus tard, World of Final Fantasy rend hommage à cet épisode culte et à une quinzaine de volets de la saga rôlesque multimillionnaire. Point de questionnement politique, cette fois, mais bien un pot-pourri parfaitement inoffensif dont l’unique ambition est de flatter le fan, tout en initiant les kids aux bases du genre.

En glissant des personnages de Disney dans sa saga des Kingdom Hearts, Square Enix avait déjà brillé dans l’exercice du best of référentiel par le passé. Ce jeu de rôle improbable invitant Mickey, Pluto et les autres dans un univers fantasy typiquement japonais résonne comme World of Final Fantasy. D’autant que Tetsuya Nomura, son directeur créatif, y officie encore. Lann et Reynn, les deux ados pastel et androgynes du nouveau jeu de rôle nippon, semblent donc échappés de Kingdom Hearts. Mais le duo se bat bien comme dans un Final des familles, au tour par tour.

Bavard, World of Final Fantasy effeuille une histoire de jumeaux amnésiques découvrant des pouvoirs insoupçonnés. Le cliché se double d’une lutte contre une Fédération maléfique. Et on bâille face aux enjeux de Grymoire, pays habité par les personnages et les monstres de Final Fantasy. Croiser Tifa et Squall, respectivement échappés des septièmes et huitièmes épisodes de la série, n’y change rien.

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L’enfer du pastel

Visuellement impeccable, la photographie du jeu jongle avec sa focale pour des effets de miniatures charmants. Les protagonistes épousent, eux, l’esthétique chibi pour le meilleur, et surtout le pire: l’impression d’évoluer dans une baby shower envahie de figurines Funko Pop! (1) domine. Il faudra avaler la dragée (ou pas). Mais Square rénove heureusement avec talent ses joutes turn by turn. L’idée se traduit par des héros portant littéralement sur leur tête une à deux créatures kawaii boostant leurs pouvoirs magiques. Cousins éloignés des Pokémons, ces bestioles se capturent lorsqu’on les affronte. À condition toutefois de suffisamment les affaiblir et (parfois) de leur lancer des sorts magiques spécifiques. Chaud devant.

Ces beaux chapeaux de Snuls aux mille combinaisons doublent la puissance d’une attaque de flamme lorsque l’élément primaire des deux monstres portés colle à cette catégorie. Prônant par exemple que les dégâts d’une attaque électrique sont plus efficaces sur un monstre aquatique, le célèbre système de vulnérabilité des éléments (terre, eau, feu, électricité) de la saga est joliment remis à neuf. Certains tics demeurent, comme le déclenchement aléatoire des combats lorsqu’on explore la carte. D’autres disparaissent, à l’image de la gestion minutieuse de son équipement (et en particulier des armes). Une manière comme une autre pour Square de renouer avec un passé au tour par tour laissé pour mort.

(1) FIGURINES À GROSSE TÊTE QUI CARTONNENT DEPUIS DEUX ANS EN CARICATURES DE NOMBREUX FILMS, COMICS, GROUPES ROCK ET JEUX VIDÉO.

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR SQUARE ENIX, ÂGE: 12+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 4 (VERSION CHRONIQUÉE) ET PLAYSTATION VITA. ***

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