Critique

Into the Breach, une magistrale leçon de stratégie

© Subset Games
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

STRATÉGIE TACTIQUE | Into the Breach se hissait parmi les favoris de l’Independent Games Festival la semaine dernière. Double impact.

De Man of Steel à Captain America, les galaxies cinématographiques de DC et Marvel se préoccupent parfois du sort de leurs civils, entre deux chutes de gratte-ciel. Pulvériser une mégapole et prétendre que tout le monde est sauf? Personne n’y croit, à commencer par Matthew Davis et Justin Ma. L’incrédulité de ce duo indé alimente d’ailleurs une des (nombreuses) idées ludiques originales d’Into the Breach. Ce jeu de stratégie au tour par tour brandit en effet le dommage collatéral comme un élément majeur de son gameplay. Une pièce fascinante animant les rouages élégants d’une machine terriblement addictive.

Pas de gestion de ressources, un nombre très limité d’unités, une réalisation cartoonesque presque kawaii, un damier à la surface contenue… Into the Breach brouille les pistes et se donne de faux airs de gentil snack game stratégique pour mieux piéger le joueur. Par le passé, Davis et Ma ont effectivement officié chez 2K Shanghai pour y créer des jeux Facebook. Mais la double nomination (grand prix et meilleurs design, excusez du peu) de leur titre de stratégie tactique à l’Independent Games Festival 2018 (1) ne doit rien au hasard.

Godzilla m’a tuer

Protéger des bâtiments énergétiques d’attaques aliens pendant un certain nombre de tours (typiquement cinq): la proposition est simple sur le papier. Mais le binôme qui a inspiré en 2012 une génération de développeurs indés avec son tout aussi stratégique Faster Than Light (2,8 millions de copies vendues) piège vite le gamer en jouant à la pétanque. Certains tirs d’artillerie déplacent ainsi les adversaires aliens d’une case. Ce ricochet peut, certes, les faire tomber à l’eau ou atterrir dans une zone prête à être bombardée par des alliés, mais ce jeu de pousse-pousse pénalise souvent le gamer et on ne compte plus les adversaires en mouvement qui détruisent des bâtiments et unités à protéger.

Chers à Davis et Ma, ces dégâts civils poussent vite la barre de vie -qui ne se régénère pas d’une mission à l’autre- à zéro. Aux commandes d’un trio de robots et de tanks, on apprend à coups de game over. D’autant que la topographie joue aux invités turbulents. Terrains glacés qui s’effondrent sous les pieds des unités, dunes de sables qui ne permettent pas de réparer son mecha, zones inondées empêchant toute action offensive, forêt en flammes suite à la destruction d’un vilain… Les variations donnent le vertige et complexifient la recette.

Affichant les prochaines cibles des unités ennemies, Into the Breach superpose les détails stratégiques étourdissants face à des vagues d’aliens surgissant inlassablement du sol. Défendre un train en mouvement (qui peut détruire ses troupes), récupérer un pod sur la carte ou garder une créature adverse vivante: ces objectifs secondaires grapillent heureusement des points de vie. De quoi densifier un peu plus encore l’édifice du gameplay. Et tuer aussi les nuits des gamers, heureuses victimes collatérales du jeu.

(1) Sundance du jeu vidéo hébergé à San Francisco qui se clôturait ce 23 mars.

Into the Breach, édité et développé par SubSet Games, âge: 12+, disponible sur Mac, PC et Linux. ****(*)

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content