Independent Games Festival, le Sundance du jeu vidéo

© Cardboard Computer
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Traversé de projets introspectifs sur le changement de sexe ou sur Marguerite Duras, l’Independent Games Festival 2013 prouve que le jeu vidéo a grandi. Sélection.

Neuf millions de copies vendues. Minecraft fait l’effet d’un électrochoc sur les services marketing de nombreux éditeurs mastodontes. Rien ne prédisposait en effet ce jeu indé couronné à l’Independent Games Festival (IGF) de 2011 à une telle success story. Aucune volonté de suivre des études de marché. Pas de gameplay bêtement influencé par Gears of War ou Uncharted. Mais bien une foi tenace dans un concept de jeu bac à sable en ligne innovant. Jusque-là, de nombreux pros du secteur regardaient d’un oeil amusé les créations en vitrine à l’IGF. Au mieux, ils s’en servaient comme vivier de nouveaux talents (Portal 2 avalant Tag The Power of Paint).

Mais les indés présents à ce festival (1) planté en marge de la Game Developers Conference jouent désormais dans la cour des grands. Esthétiquement, les créations en lice tranchent avec la production de jeux mainstream. Le pixel art et le noir et blanc dominaient largement les créations des années précédentes. Visuellement, la cuvée 2013 s’en éloigne. Comme une pinata géante, Guacamelee! se profile ainsi comme un beat them all 2D aux graphismes typés années 50. Son héros, un catcheur mexicain de Lucha Libre, croise tout ce que l’Amérique du Sud compte de mythes et de folklore. Mieux, son gameplay mise sur un open world influencé par Metroid.

Les nominés de la catégorie Nuovo de l’IGF, qui récompense des titres à la limite de l’oeuvre d’art numérique interactive, tournent par contre le dos à tout gameplay identifiable. Bientôt l’été, du duo anversois de Tale of Tales, rend ainsi hommage au Nouveau Roman et particulièrement à l’adaptation au cinéma de Moderato cantabile de Marguerite Duras. De plus en plus introspectif, certains jeux indé témoignent en outre d’expériences personnelles douloureuses.

Nouvelle identité

Dys4ia raconte ainsi le parcours d’une jeune fille amenée à subir une thérapie de remplacement d’hormones. Une série de mini-jeux tout en gros pixels, façon Atari VCS, qui témoigne -parfois avec humour- des difficultés rencontrées lors d’un changement de sexe. Autre tendance particulièrement flagrante de ce festival qui se compare volontiers à un Sundance du jeu vidéo: la musique qui y prend une importance croissante. Hotline Miami, le buzz indé du moment, n’est ainsi pas le seul à avoir compris l’importance d’une BO réfléchie.

Kentucky Route Zero mixe ainsi électronique atmosphérique, bluegrass et americana pour illustrer son histoire lynchéenne d’autoroute souterraine secrète traversant l’Etat du mid-ouest. Cette aventure graphique ravivant la flamme d’Another World figure parmi les grands favoris de cette année puisqu’elle a en outre été nominée dans quatre catégories. Toujours au rayon musical, on retiendra enfin le come-back de figures indé indispensables comme Jeppe Carlsen (Limbo) sur 140 et de Terry Cavanagh (l’auteur de VVVVVV) avec Super Hexagon. Plébiscité pour sa saga des PixelJunk, Q-Games revient enfin avec PixelJunk 4am, un projet qui utilise la détection de mouvements du PS Move de la PlayStation 3 pour émuler les techniques de mix d’un DJ.

(1) ORGANISÉ À SAN FRANCISCO DU 25 AU 29 MARS – INFOS: WWW.IGF.COM

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content