Critique

Gravity Rush 2, sens dessus dessous

Gravity Rush 2 © Sony Interactive Entertainment
Michi-Hiro Tamaï Journaliste multimédia

Gravity Rush 2 se joue de la gravité sur des cascades élégantes. Ce jeu d’action/aventure ne livre toutefois pas un numéro de voltige sans faute.

Le Forum économique mondial soulignait en octobre dernier que la place de la femme s’était dégradée dans la société japonaise. En cinq ans, le pays est ainsi passé de la 98e à la 111e place au classement mondial de la parité des genres. Originaire de Tokyo, Gravity Rush 2 nage toutefois à contre-courant de cette tendance laminant également le jeu vidéo. La production des créateurs du vénéneux Forbidden Siren déconstruit ainsi le cliché made in Mario de la princesse à sauver. Terrassant parfois des monstres pour secourir son prétendant, Kate, sa jeune héroïne, y inverse non seulement les rôles mais aussi les lois de la physique.

Du grappin de Bionic Commando à la canne de l’Oncle Picsou sur DuckTales, les accessoires innovants et les mouvements originaux qu’ils entraînent ont entièrement redessiné leur visage ludique. Comme son prédécesseur sur PS Vita, l’héroïne blonde de Gravity Rush 2 repose également sur un simple gimmick causant de sérieux bouleversements. L’ex-princesse coincée dans une communauté de mineurs exploités flotte en effet sur commande dans les airs, telle une cosmonaute désarticulée. Mieux, elle impose une gravité temporaire sur les flancs et les ventres d’îlots volants minéraux, urbains ou végétaux. Le tout pour marcher, courir et sauter la tête en bas ou sur le côté, tel le Petit Prince de Saint-Exupéry.

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Ground Control to Major Tom

Certes, l’effet de surprise de ce pouvoir également utilisé pour asséner des coups de pied air-sol sur des monstres s’est émoussé depuis le Gravity Rush de 2012. Mais on décolle. La recherche de l’amie de Kate se pose ainsi comme un formidable prétexte déployant des thèmes aussi captivants que le mélange d’architectures sud-américaine et asiatique du jeu. Quelque part entre les bidonvilles d’Amer Béton et les jonques volantes du Cinquième Élément, Gravity Rush2 présente ainsi des protagonistes qui ont baissé les bras face à des injustices sociales. Bienveillant et paisible, le jeu cinétique jongle habilement entre des amourettes et des questions -plus graves- d’intégration sociale.

Hélas, mille fois hélas, un certain ennui étouffe le monde ouvert de SIE Japan Studio et Project Siren. Créer un hémisphère antigravitationnel autour de soi pour détacher des rochers et les utiliser comme projectiles, asséner des va-et-vient de coups de pieds tel un yo-yo aérien… le studio a beau multiplier les bonnes idées, les objectifs et le level design de ses missions ne se hissent pas toujours à la hauteur du génial potentiel aérien en place. Baston répétitive, filature urbaine façon Assassin’s Creed et autre jeu de piste visuel n’élèvent pas le débat et manquent surtout de rythme. À force de trop planer…

ÉDITÉ PAR SONY INTERACTIVE ENTERTAINMENT ET DÉVELOPPÉ PAR SIE JAPAN STUDIO/PROJECT SIREN, ÂGE: 12+, DISPONIBLE EXCLUSIVEMENT SUR PLAYSTATION 4. ***(*)

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