Critique

Battlefield 3: balles perdues

FPS | Chasse au terroriste à grand spectacle, Battlefield 3 et son conflit nucléaire accouchent d’un pétard mouillé. Call of Duty en ressortira gagnant.

On y gagne des trophées pour un rien. Des boss de fin de niveau tombent en un coup de fusil. Et des fenêtres d’aide dirigent le joueur, là où le chemin coule de source. Publiée par Kmoosmann sur YouTube, la vidéo If Quake was done today synthétise brillamment le nivellement par le bas auquel se livrent les jeux de tir à la première personne. Poussés par le diktat marketing de leurs éditeurs, les développeurs ne cessent de mâcher le travail des joueurs depuis 15 ans. Ou comment flatter en évitant le game over. FPS événement de cette fin d’année, Battlefield 3 nage à contre-courant de cette tendance.

On aurait voulu que cette difficulté résulte du renouveau éditorial (salvateur) insufflé par John Riccitiello à Electronic Arts. Las! Dans sa campagne solo, la rugosité du jeu de guerre tient plutôt d’un travail bâclé. Le genre de production aux délais compressée par un E.A. désireux de concurrencer Call Of Duty: Modern Warfare 3 en temps et en heure. Talentueux sur leurs précédents Battlefield, les Suédois de DICE programment ici des soldats ennemis capables de toucher le joueur même lorsqu’il est couché à plat ventre, dans le noir et derrière une butte. Une force surnaturelle qui devrait plaire à l’Angry Video Game Nerd (1).

This Is Hardcore

Vautré dans une progression pénible qui irritera jusqu’au plus nolife des hardcore gamers, Battlefield 3 multiplie en outre les incohérences. Ouvrant le passage du joueur, des frères d’arme redoublent de prudence pour descendre un muret tandis que le joueur se laisse tomber sans soucier des 5 mètres de chute. Côté bugs, entre des séquences vidéo se déclenchant à 2 reprises et des headshots évidents ignorés par le soft, la débandade se confirme. Où DICE avait-il la tête? Le travail de commande expédié fissa est forcément écervelé. Les scripts idiots sont légion. On peste par exemple face à des soldats se déversant à l’infini sur un parking. Seule possibilité pour arrêter l’hémorragie? Eliminer 2 bazookas haut perchés.

Pillant sans vergogne les idées narratives du dernier Call Of Duty: Black Ops jusqu’à sa structure de missions flash-back aménagées au fil d’un interrogatoire, Battlefield 3 efface de sa mémoire son ADN passé. On ne se déplace plus sur une carte ouverte avec des potes soldats à la cool plus avides d’or que de patriotisme. Bienvenue aux corridors. Malgré une multiplicité des points de vue intéressante, le dirigisme du FPS déçoit. Certes, quelques moments de fulgurances jaillissent çà et là, notamment dans les premières minutes souterraines du jeu ou plus loin, dans les rues de Paris, littéralement explosives. Plus laxatif qu’un tour de manège pour enfants à la foire du midi, le pilotage des véhicules militaires tombe également à plat.

Assombri d’un level design paresseux qui n’hésitera pas à faire passer le joueur 3 fois au même endroit, Battlefield 3 répond certes à tous les standards du genre. Et parvient même à dépasser le dernier Medal Of Honor, référence des navets de first person exploitation. Mais malgré un mode multijoueur en VS ou en Coop qui claque, cet opus pourrait être celui du déclin de la saga. On se porte déserteur.

Michi-Hiro Tamaï

(1) ÉMISSION WEB CULTE RECENSANT, MANETTES EN MAINS, LES PLUS MAUVAIS JEUX (NOTAMMENT DANS LEUR DIFFICULTÉ IRRÉALISTE) ET CONSOLES DES ANNÉES 80 ET 90.

BATTLEFIELD 3, FPS ÉDITÉ PAR ELECTRONIC ARTS ET DÉVELOPPÉ PAR DIGITAL ILLUSIONS C.E. , ÂGE 16+, DISPONIBLE SUR PC, PLAYSTATION 3 ET XBOX 360. **

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