Unknown pleasures

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Fermée ou presque la parenthèse pop-funk synthétique, Unknown Mortal Orchestra revient au psychédélisme dont il avait fait sa marque de fabrique.

« Sex & food »

C’est peu de dire que Multi-Love, le précédent album d’Unknown Mortal Orchestra était tombé de certaines mains. Après deux disques au psychédélisme sixties réinventé, Ruban Nielson gavait de synthés ses récits quasi r’n’b d’amour à trois. Exposant la vie triangulaire qu’il menait avec sa femme et une plus jeune fille rencontrée en tournée. Avec Sex & Food, le Néo-Zélandais revient aujourd’hui à de plus sages dispositions. « American Guilt est une tentative de capturer certains sentiments dans l’air pour le moment, commentait-il officiellement à la sortie du single. De manière un peu perverse, j’ai voulu embrasser ce genre abandonné qu’est le rock, ce style que je continue de lire mort, et inviter les gens à entendre comment ce zombie sonne dans l’univers d’Unknown Mortal Orchestra. »

Album de troubadour fabriqué entre Séoul, Reykjavik, Oakland, Portland (son home studio), Hanoï, où il s’est laissé rattraper par les films sur le Vietnam qui avaient marqué son enfance (et a bossé dans un studio conçu pour les musiques traditionnelles), et Mexico City, où les sessions furent interrompues par un tremblement de terre meurtrier, Sex & Food deale avec le malaise générationnel et l’anxiété de la vie moderne. Rumine l’overdose d’informations et se demande où sont passées les vraies relations humaines.

Ruban Nielson avait au départ dans l’idées d’en faire un disque post-punk lorgnant allègrement du côté de Killing Joke et de Public Image Limited, de turbulente mémoire. Il se promène au final dans les ambiances qui ont décoré ses trois premiers albums. Parfois, Ruban donne même l’impression d’entonner l’une de ses vieilles chansons. Le début de Chronos Feasts on His Children ressemble aux premières notes de From the sun. Major League Chemicals a des airs de famille avec Swim and Sleep (like a shark). Mais le Néo-Zélandais parvient toujours à s’en détourner sans qu’on sache vraiment s’il s’agit du hasard ou d’un clin d’oeil plus ou moins appuyé.

Unknown pleasures

De Prince aux Queens

Pas encore tout à fait rangé des voitures, Nielson tente à nouveau l’approche funky-sexy-groovy sur le titre patte d’éph et boule à facettes Everyone Acts Crazy Nowadays. Un extrait qui, comme If You’re Going to Break Yourself, traite des effets de la drogue et des addictions sur les relations humaines. Cependant, même quand il s’aventure sur ces terrains glissants, le résultat est bien moins indigeste que sur Multi-Love. Même Hunnybee, qui se la joue easy pop et dancefloor chill, fait succomber à ses charmes. Disque kaléidoscopique ouvert par l’étrange intro instrumentale A God Called Hubris, Sex & Food est l’oeuvre d’un esprit tordu qui a toujours livré une version finalement très personnelle du psychédélisme. Allant cette fois jusqu’à jouer dans la cour des Queens of the Stone Age ( American Guilt). Mortel.

Unknown Mortal Orchestra

Distribué par Jagjaguwar/Konkurrent.

8

Le 28/05 à l’Ancienne Belgique.

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