Une jeunesse perdue

DE JEAN-MARIE ROUART, EDITIONS GALLIMARD, 166 PAGES.

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Directeur d’une revue d’art prestigieuse marié à distance à une énarque, le narrateur d’Une jeunesse perdue se voit de par l’âge de ses artères rejeté de la scène érotique contemporaine, alors que l’artistique ne suscite plus en son for intérieur qu’ennui et consternation. Tandis qu’il semble se résigner à contempler les fringantes beautés sculpturales qui lui sont désormais inaccessibles, le rangé des voitures reçoit une demande de collaborations parmi d’autres signée d’une certaine Valentina Orlov. Demande aussitôt éconduite. Et tandis qu’il rumine son pouvoir de séduction éteint au Café de Flore, une splendide créature brune aux prunelles mauves se plante devant lui pour lui reprocher sa goujaterie suite à ses demandes répétées d’entrevue dans les bureaux de son périodique… Et le coeur du vieux séducteur de chavirer, sa vie de basculer. Difficile de ne pas voir dans ce court roman typiquement germanopratin de Jean-Marie Rouart, un portrait de lui-même: les pages sur la vacuité de l’art contemporain, le renoncement aux joies du plaisir que suppose l’âge, cette jeunesse qui se soustrait sont à la fois drôles, touchantes et justes. L’irruption de la belle donne un tour plus classique à l’intrigue: le vieux mâle présomptueux qui porte encore beau se montrant prêt à tous les renoncements et les compromissions pour posséder, croit-il, encore Valentina. Au risque d’être dépossédé…

B.R.

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