Transit en solitaire

© THOMAS GEUENS

L’Anversois Bert Dockx reprend Tom Waits, Bob Dylan et Joy Division sur un deuxième album solo qui sent les American Recordings de Johnny Cash.

Beaucoup s’y sont vautrés avec complaisance. La plupart s’y sont abandonnés à la facilité. Il a beau, tous styles confondus, jalonner l’histoire de la musique, l’album de reprises est une discipline compliquée. Jadis carte de visite, parfois truc de vieux briscard pour s’échapper d’un label et mettre fin à un contrat mal négocié, l’exercice de style a souvent viré au n’importe quoi. Compilations hommages mal ficelées et déclarations d’amour souvent manquées. Même Iggy Pop ( Après) s’y est cassé les dents.

Rien de tout cela ici. En matière de reprise, de réinvention même plutôt, l’Anversois Bert Dockx, leader des fiévreux Flying Horseman, avait déjà démontré l’étendue de ses talents. Revisitant avec son trio Dans Dans des titres de Sun Ra, Sonny Rollins, Thelonious Monk, Nick Drake ou encore David Bowie et Ennio Morricone. Pour son deuxième album solo, le premier sous son propre nom (il avait sorti sous le pseudonyme Strand, en 2014, un disque en néerlandais), Dockx dépiaute, réinvente, recoud, tel un docteur Frankenstein de la musique, des chansons bien connues de tous pour se les approprier avec une impressionnante dextérité…

Bruce Springsteen, Fleetwood Mac et Townes Van Zandt…

Enregistré live, mixé et produit par Koen Gisen (le mari et partenaire musical d’An Pierlé) dans l’intimité de son studio, un ancien club gay de Gand, Transit est une petite merveille du genre. Vénéneux, venimeux, porté par la voix profonde de Dockx, le son si particulier de sa guitare, Transit emmène loin. Il prend son envol avec l’instrumental Albatross composé par Peter Green pour son groupe Fleetwood Mac. Et déjà s’élève bien haut avec le vertigineux negro spiritual Sinnerman (notamment interprété par Nina Simone et Peter Tosh). Shadowplay de Joy Division en moins lugubre, Yesterday is Here de Tom Waits en moins rocailleux, Rake de Townes Van Zandt en moins folk et nettement plus urbain (avec un final carrément expérimental)… Viscérales, possédées et incroyablement siennes, les interprétations de l’Anversois ensorcellent.

Transit en solitaire

I’m on Fire de Bruce Springsteen ressemble au Allelujah version Jeff Buckley. Dockx ralentit et chuchote le I Shall Be Released de Bob Dylan dans une ambiance quasi religieuse… Intense, passionné, Transit a la personnalité et la magie des American Recordings chères à Johnny Cash. Pas sûr qu’il y en aura six (les deux dernières du man in black étaient sorties à titre posthume) mais ce coup d’essai depuis longtemps travaillé sur scène est une bien belle réussite.

Bert Dockx

« Transit »

Distribué par Unday/NEWS.

7

Le 20/09 au Dok (Gand), le 23/09 à De Living (Heist-op-den-Berg), le 06/10 au C-Mine (Genk), le 10/10 au Beursschouwburg (Bruxelles), le 27/10 au Cactus Club (Bruges).

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