The Heiress (1949), classique féministe

Catherine Sloper n’a pas les talents exigés d’une jeune femme de la haute société américaine du XIXe siècle. Timide et introvertie, un peu naïve et sans attrait particulier, elle ne brille pas de cet éclat convenant à une riche héritière. Catherine vit seule avec son père veuf et inconsolable (mais aussi tyrannique) dans une vaste et belle demeure sur Washington Square, ce parc new-yorkais dont Henry James s’inspira en 1880 pour son roman du même nom, que le film adapte idéalement. Un soir, au cours d’un bal mondain, elle fait la rencontre du jeune et séduisant Morris Townsend (joué par Montgomery Clift). Elle en tombe amoureuse et il lui fait une cour empressée. Mais le père de Catherine (interprété par Ralph Richardson) ne veut pas entendre parler de mariage. Sa fille n’ayant aucun charme à ses yeux, il pense que seule sa fortune intéresse le prétendant, forcément coureur de dot… Olivia de Havilland avait vu au théâtre une pièce adaptant Washington Square et avait pensé qu’il y avait là un rôle à sa mesure pour un film. L’actrice approcha directement William Wyler, le cinéaste des très remarquables Wuthering Heights (1939) et The Best Years of Our Lives (1946). Elle s’empressa ensuite d’acquérir les droits d’adaptation cinématographique du roman. The Heiress lui offre l’occasion d’une performance tout en nuance et retenue, et d’autant plus émouvante. Catherine Sloper fait le choix de l’amour et pas celui de la sécurité. Elle refuse le statut de potiche auquel son milieu veut la réduire. Et cela ne peut bien se passer. Morris, n’ayant pas eu le courage de briser avec elle les normes sociales, prendra lâchement la fuite. Et quand il reviendra vers Catherine devenue très riche à la mort de son père, elle lui fermera sa porte… Olivia de Havilland a reçu son second Oscar pour son interprétation bouleversante de Catherine, après celui obtenu en 1947 pour To Each His Own de Mitchell Leisen. The Heiress reste, sept décennies plus tard, l’expression douloureuse mais parfaite de son ardent féminisme. Et d’un exceptionnel talent.

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