Derrière son récit manichéen, Shadows of Valentia est un remake de Fire Emblem. La saga d’un quart de siècle reste une ode à la topographie guerrière.

Fire Emblem Echoes : Shadows of Valentia

Édité par Intelligent Systems et développé par Nintendo, âge : 12+, disponible sur Nintendo 3DS

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Depuis la valeureuse Game Boy de 1990, Intelligent Systems façonne les outils de développement de toutes les consoles de Nintendo. Mais sa centaine d’employés ne se limite pas à cette tâche titanesque. L’air de rien, depuis 27 ans, l’équipe qui a juré fidélité à Big N entretient également la flamme des Fire Emblem. En revenant à ses fondamentaux sur Shadows of Valentia, cettesaga de jeux de rôle tactiques nous le rappelle. La production médiévale fantastique se pose ainsi comme un remake de Fire Emblem Gaiden, deuxième épisode sorti sur NES en 1992. L’occasion de sortir du tiroir une 3DS prenant la poussière, faute de titres originaux.

Un jeune villageois élevé au grand air par un seigneur de guerre retraité. Des bros en pagaille. Une pincée de luttes des classes entre paysans et noblions infects. Une grosse louche d’amitié infantile interrompue. Et une bonne tranche de rébellion, dans un monde divisé entre une nation pacifique et belliqueuse. Un quart de siècle n’a pas bonifié la recette narrative naïve, voire manichéenne d’Intelligent Systems. À sa décharge, l’équipe manie l’art de la punchline avec autant de brio que sur leur génial Paper Mario.

Échec et strates

Gorgé de thèmes musicaux grandioses qui hantent le gamer, ce Fire Emblem nouveau perpétue un gameplay proche d’une partie d’échec sophistiquée. Le titre au tour par tour demande ainsi de gérer les déplacements et les attaques d’une dizaine de combattants sur un terrain quadrillé. Amenant par exemple un cavalier à galoper plus loin qu’un mage, les classes de chaque soldat conditionnent leur rayon d’action. Une donnée vitale pour se rapprocher de l’adversaire et le frapper. Mais aussi pour esquiver plus ou moins facilement les tirs à longue distance d’un archer.

Galion, enceinte fortifiée ou cambrousse… la nature du terrain pratiqué dicte la loi de ce jeu de pions savants. Planquer une unité dans un buisson la protège d’avantage. Attendre, en rangs serrés, à la sortie d’un pont une colonne de soldats adverses permet de les décimer un à un sans peine. Qui observe attentivement la topographie et l’architecture du monde en place vit des épiphanies tactiques.

Mille nuances à même de remplir un guide de stratégie couronnent ce remake exigeant une gestion rigoureuse de l’inventaire de ses combattants. Sous certaines conditions, Intelligent Systems autorise ainsi un changement de place avec un coéquipier, comme lors d’un roque aux échecs. Nouveauté imparable, chaque classe de héro (archer, cavalier, mercenaire, mage…) s’interchange parfois entre deux batailles. Des phases d’exploration vues à la troisième personne aèrent également le gameplay de façon inédite. On y cherche des trésors et frappe des adversaires par surprise pour entamer le combat en vue aérienne, avec un avantage. Tout le contraire de la difficulté de Shadows of Valentia. Loin de prendre le gamer en traître, le titre se montre pédagogue, y allantcrescendo dans l’enseignement des strates infinies de son gameplay. Du pur Nintendo en somme.

MICHI-HIRO TAMAÏ

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