Surfman

De Jérôme Ruillier, Éditions L’Agrume, 48 pages.

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C’est de saison: la bande dessinée, française en particulier, aime parler politique. Et si les BD « classiques » se multiplient dans le genre, entre blagounettes, franche moquerie et BD-reportages plus profonds, il en est une qui se distingue nettement du lot, moins par son propos que par sa manière, extrêmement graphique et très indé: dans Surfman, un parti politique extrémiste et xénophobe, nommé La Vague, s’apprête à remporter les prochaines élections présidentielles. Une Vague qui, à force de porter en elle haine, racisme, peur et colère, se transforme littéralement en tsunami, désormais menaçant et prêt à tout submerger sur son passage. Une catastrophe politique devenue naturelle, jusqu’à l’intervention muette et spectaculaire d’un nouveau super-héros: Surfman. Une intervention-éclair et tout en glisse qui va sauver la ville et mettre le ver dans le fruit: nous sommes tous des Surfman, capables de réagir face à La Vague… Récit allégorique et travail de narration plus encore que fable politique, Surfman fait évidemment écho à l’élection qui se joue actuellement en France. L’illustrateur Jérôme Ruillier y déploie un format proche de ses précédents récits, parus chez Sarbacane (Les Mohamed), ou chez L’Agrume (L’Étrange), déjà tournés vers l’action sociale: des petits formats aux crayons parfois de couleur, minimalistes mais très réfléchis, déployant une narration tout à fait particulière. Cerise sur le gâteau, le livre contient lui-même une affiche, importante dans le récit, qui invite le lecteur à agir et à devenir lui aussi Surfman: « Allez dans la rue coller la belle affiche et recouvrer une affiche moche de La Vague. » Un appel à l’activisme politique qui passe d’abord par l’esthétique et le graphisme? On prend!

O.V.V.

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