Surface de réparation

de Olivier El Khoury, ÉDITIONS Notabilia, 150 pages.

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« J’avais un physique à double tranchant, comme toute esthétique qui sort de l’ordinaire. » Il est né, surtout, avec un visage rappelant à tous sans doute possible ses origines arabes, dans une Europe rythmée par les attentats. Très auto-centré, érotomane branleur et dilettante comme on peut l’être en abordant clopin-clopant l’âge adulte, le narrateur du premier roman du Belge Olivier El Khoury voit donc ses vaines tentatives de décrocher un job ou un rencard irrémédiablement assujetties à l’actualité, d’une part, mais aussi aux résultats hasardeux du club de foot de Bruges, sous les couleurs duquel ce fils d’aficionado est né. Les sautes d’humeur de son père en fonction de scores aléatoires rythment le degré de sérénité de la cellule familiale, autant que l’estime de soi du gamin, ce « perdant magnifique », cet « animal dont la défaite était inscrite dans l’âme au fer chaud, à l’image de [son] club ». Ayant étudié mollement les sciences de la communication –« On nous enseignait que de la chiotte rouillée (…) de la paluche. Ça mettait des mots sur du bon sens »-, il répond quand on l’interroge sur ses activités qu’il travaille « dans le social. C’était à la mode, ça faisait propre et, pour autant, personne ne veut en savoir plus sur ce genre de job. » Il rame, surtout, certaines de ses journées se résumant « à débuter au hasard et à se terminer quand l’alcool nous mettait KO ». Pour autant, le môme est aussi futé que son auteur, Namurois qui propose ainsi la chronique minable d’un galérien-né, mais plus à la manière du gouailleur fils Depardieu des Apprentis que mû par l’ambition boursouflée d’un sentencieux redresseur de torts.

F.P.

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