Squadra criminale

© © DR

Série policière créée par Claudio Corbucci. Avec Miriam Leone, Matteo Martari, Monica Guerritore, Thomas Trabacchi, Luca Terracciano.

8

Noir et âcre comme un ristretto pris à jeun, Squadra Criminale (Non uccidere dans sa version originale produite par la RAI) est une série policière au synopsis à première vue banal: les enquêtes d’une brigade criminelle menée par une policière tourmentée. Mais la série n’en développe pas moins plusieurs caractères non conventionnels et particulièrement captivants. Le premier tient à la personnalité de son actrice principale, Miriam Leone. Mannequin et présentatrice télé, Miss Italie 2008, pédigrée de beauté fatale, son incarnation de la jeune capitaine Valeria Ferro, lunatique et cernée jusqu’aux genoux, ténébreuse aux intuitions fulgurantes, aux passions rentrées et aux émotions maladives et rachitiques, est phénoménale. Le deuxième, à l’arc narratif en deux temps (et autant d’épisodes) que décrit chaque affaire que la brigade policière et sa cheffe aux méthodes fort peu orthodoxes auront à élucider. Le troisième réside dans sa faculté à faire la chronique sociale de l’Italie d’aujourd’hui et le scan des relations dysfonctionnelles, pour ne pas dire carrément malsaines, qui font le lit des amours et des tricheries contemporaines. Seule femme dans un univers policier masculin, Valeria Ferro joue de son instinct, non pas féminin (quel cliché) mais animal, et de sa faculté à entrer en résonnance avec les monstruosités et les souffrances humaines, nourris d’un passé lui-même passablement douloureux. On ne dira jamais assez ce qu’il faut de social, de poussières et de crasses dissimulées sous les tapis et derrière les dorures pour faire un bon polar. Les mal-être familiaux, intimes, sociétaux qui se reniflent les uns les autres, doivent sans doute beaucoup à l’héritage des Maigret de Simenon. Mais au XXIe siècle, ils sont surlignés par le vide noir d’un monde relationnel basé plus que jamais sur le paraître et les apparences. Écrit avec adresse par le créateur Claudio Corbucci, mis en ombres et lumières par Giuseppe Gagliardi, ce suspense rythmé, féministe, certes un peu monochrome, prend aux tripes.

N.B.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content