Rupture

L’intrigue est simple, et le récit féroce dès l’incipit. L’espace descriptif est limité, la catastrophe qui s’y déroule, immense. François est un jeune homme taciturne, torturé par la disparition non élucidée de son père. Il vit avec sa mère à Ugine, une ville-usine propice au spleen. Aussi, quand son ami René lui demande de le rejoindre à Fréjus pour travailler à la construction du barrage de Malpasset, François n’hésite pas, même si de nombreux habitants y voient un présage de malheurs. Très perméable à la nature, il est immédiatement émerveillé par la vallée rose, la lumière étincelante et cette mer dont il ne peut plus se passer. Pourtant le jeune homme cache au fond de lui une souffrance latente qui l’empêche d’être avec les autres. Il se sent toujours à côté, à la fois dévasté par la vie et incapable de s’y raccrocher. Il n’a pas d’idées politiques, contrairement à René et aux autres ouvriers alarmés par la guerre d’Algérie où tous seront appelés. Toute rupture est violente, et dans le roman de Maryline Desbiolles, la violence intérieure est encore plus sauvage que celle engendrée par les constructions humaines. Très prolixe, son oeuvre mêle le lyrisme à une cruauté sans concession, au deuil impossible, à la désespérance de la condition humaine.

de Marilyne Desbiolles, Éditions Flammarion, 119 pages.

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