Retourner dans l’obscure vallée

de Santiago Gamboa, Éditions Métailié. Traduit de l’espagnol (Colombie) par françois gaudry, 448 pages.

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La Colombie est terre de violence et de littérature, toutes deux consommées avec fièvre et passion. Et même si l’écrivain et diplomate auprès de l’ONU Santiago Gamboa sillonne depuis longtemps la planète, loin de chez lui, la Colombie transpire par tous les pores de sa peau, et de ses romans: il incarne l’essence même de la littérature colombienne contemporaine, mélange tellement sud-américain de lettres et de sang. Vingt ans après son premier roman, Perdre est une question de méthode, l’écrivain donne une suite, évidemment labyrinthique, à ses Prières nocturnes parues il y a trois ans, comme toujours en français, chez Métailié. On y retrouve son double littéraire, le consul qui lui ressemble tant, ainsi que Juliana, traumatisée et aventureuse, mais Gamboa multiplie encore la polyphonie de ses voix: il y a aussi Manuela la vengeresse; Tertuliano le fils du Pape, créateur de sa propre théologie; le prêtre Palacios au passé paramilitaire… Tous mus par des besoins de retour, reliés entre eux, comme un fil rouge, par l’ombre et la vie de Rimbaud, à qui Gamboa consacre des chapitres entiers, sans rien perdre ni de son équilibre (un pied dans le réel, l’autre ailleurs), ni de son rythme -haletant.

O.V.V.

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