Recollection

© © galeriE Félix Frachon

Dimitri Fagbohoun, Galerie Félix Frachon, 26 rue Saint Georges, à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 25/11.

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Les problématiques liées à l’art africain -sa réification-folklorisation sous le regard occidental- ont été réactivées à l’occasion d’Art/Afrique, le nouvel atelier, l’exposition qui s’est tenue récemment à la Fondation Louis Vuitton. Hasard ou nécessité, les ondes de choc de cet événement se sont fait ressentir jusqu’à Bruxelles. Pour la rentrée, deux galeries creusent ce sillon initié à Paris. La modalité en est cependant tout autre. Dans la capitale belge, la thématique croise un autre axe, celui de l’identité personnelle. C’est flagrant chez Kendell Geers, plasticien sud-africain exposé chez Rodolphe Janssen, ce ne l’est pas moins dans le nouveau project space inauguré par Félix Frachon. Alors qu’au 5 de la rue Saint Georges, le galeriste expose une matière éminemment sensible -les oeuvres de l’Indienne Ratna Gupta-, il donne à voir quelques maisons plus loin, sur le trottoir opposé, le travail cérébral, ultra documenté, de Dimitri Fagbohoun. Tout comme Geers et son statut d’Africain blanc, Fagbohoun affiche une identité multiple, lui qui est né à Cotonou (Bénin) d’un père béninois et d’une mère ukrainienne. À ceci près qu’elle s’est densifiée avec le temps, l’artiste ayant grandi au Cameroun avant de s’installer en France, où il vit et travaille désormais. S’avançant sous l’étiquette Recollection -« souvenir » en français-, l’exposition rassemble les fragments d’un corpus symbolique morcelé. Celui qui a participé à The Divine Comedy de l’excellent curateur Simon Njami se penche à la fois sur la manière dont l’art africain a façonné l’art moderne -sans jamais accéder à la reconnaissance de son universalité, le fameux « L’art nègre? Connais pas » de Picasso, repris ici sous la forme lumineuse d’un néon -et sur son rapport propre à l’art africain qu’il se rapproprie à la faveur de détournements percutants. Le tout pour un « Africa Remix » à la fois savant -les citations sont nombreuses, de la fameuse couronne (Kether) de la Kabbale chère à Basquiat aux sculptures des Dogons- et pourtant terriblement direct.

www.felixfrachon.com

M.V.

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