Pepe Carvalho (tome 1)

Après Mallet et Manchette, c’est au tour du maître du polar ibérique Manuel Vázquez Montalbán d’être adapté en bande dessinée. Si son personnage, Pepe Carvalho, est moins connu de ce côté des Pyrénées, il est une star dans son pays natal. Ce qui le différencie d’un Burma ou d’un Tarpon, c’est son côté amateur de bonne chère caractéristique des Espagnols, et des Galiciens en particulier. L’action se déroule dans le Barcelone des années 70, où le patron d’un minable salon de coiffure engage Pepe Carvalho, ancien flic devenu détective privé, pour identifier le cadavre d’un tatoué retrouvé défiguré sur une plage de la ville. L’enquête va mener le détective gourmet au pays des maatjes, de l’amour libre et du cannabis légal, où l’homme y faisait visiblement affaire et pas seulement dans l’import-export de babioles indonésiennes. De restaurants prestigieux en poules de luxe, notre épicurien commence à s’interroger sur les raisons qui ont poussé le coiffeur à le lancer sur cette affaire. De retour dans la capitale catalane et aidé par Charo, une péripatéticienne indépendante de ses bonnes amies, Pepe va poursuivre l’enquête à son propre compte… Graphiquement parlant, c’est impeccable. Le dessin exécuté en couleur directe rend parfaitement l’ambiance des dernières années du Caudillo ainsi que celle de la capitale culturelle Batave. Pour une fois, les incursions digitales de papiers peints, d’affiches d’époque et de photos sont parfaitement intégrées dans le décor. C’est réaliste, sans raideur. Par contre, la lourdeur vient des réflexions intérieures du privé qui philosophe sans interruption sur son environnement et sur la vie en général. Sans doute est-ce une caractéristique importante du personnage littéraire, mais elle ne convient pas vraiment au format BD, qui demande un rythme plus rapide. Reste un honnête polar qui fleure bon le cigarillo, l’ail et la transpiration de sous-pulls synthétiques.

Pepe Carvalho (tome 1)

De Segui Nicolau Bartolomé et Hernan Migoya, Éditions Dargaud, 76 pages.

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