Parce que je déteste la Corée

de Chang Kang-myoung, Éditions Philippe Picquier, traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Mélanie Basnel, 164 pages.

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« Quel crime ai-je donc commis dans une vie antérieure pour mériter ça? » Kyena est coréenne et travaille sans perspective dans une petite banque d’affaires aux procédés douteux. A 27 ans, elle ne supporte plus le double handicap d’être une femme d’origine modeste, le mépris systématique du plus nanti sur « l’inférieur » selon une hiérarchie inébranlable, la vie étriquée de ses amies qui se réfugient dans les activités futiles et l’alcool. Épuisée par les déconvenues, elle décide de tout abandonner et se fixe pour objectif la citoyenneté australienne. La narratrice « déteste la Corée » et son nationalisme exacerbé, elle veut être « heureuse, vraiment heureuse » dans un pays où elle sera respectée même si elle n’est pas dupe de certaines dérives. Apprentissage difficile de l’anglais, petits boulots, colocations pénibles, discrimination déguisée voire exploitation… Même si l’Australie est loin du mythe « sea, sex and sun », Kyena tolère toutes ces vicissitudes. Chang Kang-myoung dépeint une Corée où l’on n’est reconnu que par sa réussite sociale, ses performances hors norme et son aisance matérielle. L’humain n’y a aucune place. Son écriture relâchée, proche de l’oral, colle aux personnages. Mais le récit, agréable, manque de profondeur.

M-D.R.

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