Ni dieu ni maître

© © DR

DOCUMENTAIRE DE TANCRÈDE RAMONET.

8

Né du capitalisme, frère ennemi du communisme d’État, il a fait souffler son vent de révolte sur le monde. Fut à la base des plus grandes avancées sociales (journée de huit heures, émancipation des femmes). Et combat depuis 150 ans tous les maîtres et les dieux. Pourtant, l’anarchisme, terme plus souvent qu’à son tour utilisé de manière péjorative, traîne derrière lui une odeur de soufre. Une image de dangereux désordre. Utopiste savant ou apôtre de la destruction que ce « mouvement d’idées et d’action rejetant toute contrainte extérieure à l’homme, se proposant de reconstruire la vie en commun sur la base de la volonté individuelle autonome »? Divisé en deux parties d’un peu plus d’une heure, diffusées l’une à la suite de l’autre, le documentaire de Tancrède Ramonet retrace les débats, les événements phares et les personnalités-clés du courant. Il décrypte sa naissance liée à la vie de misère et de peine du prolétaire. Celui qui ne possède que sa force de travail, bosse douze heures par jour et dont l’espérance de vie culmine à 30 ans. Il brosse le portrait de Proudhon qui le charge d’une valeur positive, prône la destruction du pouvoir mais n’est pas un adepte de la violence. De Bakounine qui ajoute à ses idées le principe de la révolution. Ou encore de Ravachol et ses explosions (face sombre du mouvement, son versant destructeur qui fait naître le mythe de l’anarchiste poseur de bombes)… Solidement documenté même s’il faut parfois s’accrocher, Ni dieu ni maître se promène de Chicago à Tokyo, de Paris à Mexico. De Francisco Ferrer, le fondateur de l’école moderne exécuté par l’Espagne, à l’anarchiste cambrioleur Marius Jacob en passant par les bandits tragiques comme Bonnot… Raconté en chapitres par une dizaine de spécialistes sur de riches images d’archives, il fait la révolution mexicaine (la première de cette ampleur au XXe siècle), russe (les anarchistes l’ont sauvée en 1919) et espagnole (avec ses fronts antifascistes)… L’Internationale anti-autoritaire, la propagande par le fait, la stratégie de l’attentat et le syndicalisme révolutionnaire n’auront bientôt plus aucun secret pour vous.

J.B.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content