Mister Caspian et Herr Felix

De William Kotzwinkle, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Séverine Weiss, Éditions Cambourakis, 318 pages.

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David Caspian, acteur à succès approchant la cinquantaine, est un pur produit hollywoodien. Assis sur une montagne de fric, dix grands films derrière lui, il voit néanmoins les propositions de rôles se faire plus rares. Alors qu’il s’apprête à interpréter le rôle du Vagabond de Pluton, Caspian fait face à des crises au cours desquelles il se trouve propulsé en trafiquant du marché noir sous l’Allemagne nazie. Il devient alors Herr Felix et inversement. Dans une ville où les voituriers prennent des cours en répartie qui tue, où le monde est devenu un lieu imaginaire, Caspian rêve-t-il les yeux grands ouverts? Entremêlant avec brio les niveaux de narration, Kotzwinkle brouille les frontières entre réalité et fiction, passé et présent. L’exercice de style ne manque pas d’allure: les voitures comme les dialogues satiriques y prennent des virages sur deux roues, fracassent des barrières en bois. Démarré en trombe, le roman tourne cependant en rond à force de se focaliser sur son procédé et de livrer des explications clés en mains: « (…) l’inconscient tente de vous faire comprendre ce qu’est le mal (…) Jung appelle ça l’intégration de l’ombre »; pour un résultat un poil moins réussi que L’ours est un écrivain comme les autres, le précédent livre de William Kotzwinkle. « – Tu vis une expérience spirituelle? – J’ai Neptune à l’ascendant. » Ok, on va prendre un petit Valium.

F.DE.

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