Miss Jane

Subtilement désuet, le deuxième roman de Brad Watson se lit au coin du feu, un plaid sur les genoux. Nous sommes en 1915, dans le Deep South rural du Mississipi, dans une ferme éloignée de tout et de tous. Y vit la famille Chilsom dont les époux taciturnes voient leur vie bouleversée par la naissance tardive de Jane, née avec une malformation génitale doublée d’incontinences à une époque où la médecine est encore incompétente en ce domaine. Jane ne pourra jamais avoir de relations sexuelles, jamais avoir d’enfant; pourtant Jane n’est pas malheureuse. Plus vive que d’autres, elle prend très vite conscience de ses limites sociales. C’est une petite fille curieuse de tout, elle apprend à lire et calculer en autodidacte, discute avec son seul ami, le Docteur Thomson qui rêve de pouvoir la faire opérer un jour. Soumise à des émotions difficilement contrôlables, elle sera souvent contrainte de les refouler afin de ne pas trop souffrir et faire souffrir. Focalisé sur l’enfance et l’adolescence de Jane, ce roman très pudique et plutôt contemplatif fait la part belle à la description de rudes paysages et à la méditation tout en évaluant l’impact de la grande crise de 1929 et l’évolution de la science médicale.

de Brad Watson, Éditions Grasset, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Amfreville, 369 pages.

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