Medicine for Melancholy

De Barry Jenkins. Avec Wyatt Cenac, Tracey Heggins, Elizabeth Acker. 2008. 1 h 28. Disponible sur Universciné.

7

Medicine for Melancholy, derrière ce titre prometteur se cache le premier long métrage (inédit) de Barry Jenkins, découvert voici quelques mois avec l’excellent Moonlight, Oscar du meilleur film, parmi une myriade d’autres distinctions. Largement passé inaperçu à l’époque, en 2008, ce film ostensiblement fauché, disponible désormais en VOD, mérite assurément que l’on s’y arrête. Jenkins y trace, dans un noir et blanc tendant à la monochromie à l’exception d’une brève parenthèse en couleurs, le portrait d’un couple de jeunes Afro-Américains, Micah et Jo, hipsters dans la vingtaine -il installe des aquariums et conseille ses clients dans le choix de poissons exotiques; elle crée des T-shirts floqués du nom de réalisatrices, et s’affiche en modèle (Barbara) Loden- dont la rencontre d’un soir, censée se terminer au saut du lit, s’étire dans la torpeur d’un dimanche de gueule de bois à San Francisco. Un garçon, une fille, une ville et de multiples possibilités, pour une séduisante proposition de cinéma explorée, dans un premier temps, au rythme indolent d’une balade à bicyclette. Laquelle les conduira notamment au Musée de la Diaspora africaine, manière aussi d’amener cette déambulation amoureuse en terrain « politique » sensible, le film questionnant, l’air de rien ou presque, le fait d’appartenir à une minorité dans une ville par ailleurs en cours de gentrification. Perspective qui, ajoutée à l’alchimie de Wyatt Cenac et Tracey Heggins, une bande-son de choix (rendant notamment hommage au Vendredi soir de Claire Denis) et la photographie de James Laxton (chef-opérateur de Moonlight également), achève de faire de ce film modeste en apparence une réussite pleine de charme et d’esprit.

J.F. PL.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content